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Libération
Le billet de Thomas Legrand

Au RN, un autre anniversaire: celui du coup de pouce de Mitterrand

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L’ancien président n’a pas «créé» Le Pen, mais, en lui ouvrant l’accès à la télévision publique, il a indéniablement contribué à son émergence.
Jean-Marie Le Pen le 5 octobre 1972 devant la statue de Jeanne d'Arc. (Philippe Wojazer /AFP)
publié le 5 octobre 2022 à 8h28

Ce mercredi 5 octobre, le RN (ex-FN) a 50 ans. Mais 2022, c’est aussi le quarantième anniversaire de l’émergence du FN pour le grand public. Avant 1982, il n’était rien. Jean-Marie Le Pen n’avait pas eu les 500 signatures pour se présenter à l’élection présidentielle de 1981 – après avoir fini à 0,75% en 1974 – et ses candidats n’avaient obtenu en moyenne que 0,2 % de voix aux législatives de la même année. La situation politique et sociale du pays en ce début des années 80 était propice à une radicalisation, une crispation d’une partie de l’électorat de droite exaspéré par l’arrivée de la gauche au pouvoir, ses ministres communistes et ses premières mesures. Mais c’est bien François Mitterrand, stratège démoniaque, qui a aidé Jean-Marie Le Pen et lui a mis le pied à l’étrier médiatique.

L’idée était de favoriser le tribun d’extrême droite pour qu’aux municipales de 1983, qui s’annonçaient mal pour la gauche, le FN fasse quand même un petit score, 3 ou 4 %, qui grignoterait efficacement celui des candidats UDF et RPR de la droite classique. Voilà exactement comment cela s’est passé : lors de la fête de Jeanne d’Arc, le 8 mai 1982, François Mitterrand prononce ces mots apparemment banals à Orléans : «L’unité nationale, ce n’est pas l’uniformité, c’est le pluralisme des opinions et le choc des idées.» Jean-Marie Le Pen saisit l’occasion pour écrire une lettre au Président et se plaindre de la presse audiovisuelle. En effet aucune radio, aucune télé n’avait fait le déplac