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Libération
Reportage

Au Salon de l’agriculture, Fabien Roussel tape encore sur ses alliés de gauche

Salon de l'Agriculture 2025dossier
Comme l’année dernière, le leader communiste a joué mercredi la carte de la proximité avec le monde agricole, accusant les écolos, sans les nommer, d’«agri-bashing».
Fabien Roussel jeudi, au Salon de l'agriculture à Paris. (Magali Cohen/Hans Lucas.AFP)
par Mattias Corrasco
publié le 2 mars 2023 à 13h01

La déambulation de Fabien Roussel est soudainement interrompue par une rencontre impromptue. «Comment va ? Je suis dans mon élément», lance le secrétaire national du PCF à… Jean Castex. «Moi aussi», lui répond l’ancien Premier ministre, désormais PDG de la RATP, en visite mercredi au Salon de l’agriculture, porte de Versailles à Paris. Le communiste sourit à l’ancien maire de Prades.

Comme à son habitude, une fois devant les agriculteurs, le député du Nord en fait des caisses : Roussel serre des pinces, caresse des croupes, multiplie les photos – y compris avec des vaches. Il s’enfile une bière aussi, et déguste une assiette de bœuf bourguignon. «Au Parti communiste français, on aime bien vivre : après les réunions, on boit un coup et on mange en célébrant la gastronomie française», explique-t-il un verre de vin blanc à la main. Le trait d’esprit est dirigé en direction d’une partie de la gauche – les écolos, sans les nommer – qu’il accuse de «vouloir la mort des bons vivants».

«Les pieds dans la bouse»

Accompagné du patron des députés communistes et élu du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, Fabien Roussel, carte «gauche rurale et populaire» en main, fait l’éloge de la «tradition rurale» du PCF auprès des agriculteurs. «Ici on est à l’aise, on est chez nous […]. Les communistes ont les pieds dans la bouse, dans la paille», insiste-t-il à plusieurs reprises. Le PCF a en effet quelques restes dans des communes rurales et a gardé des députés dans des coins comme l’Allier ou le Cher.

«Moi, je parle au monde agricole. Les agriculteurs me connaissent, je les connais… Je parle aussi bien à Christiane Lambert, la patronne de la FNSEA, qu’à la Confédération paysanne», vante-t-il. Il a d’ailleurs rencontré la première mercredi matin, sur son stand. Elle lui aurait rappelé, selon le communiste, combien il avait été apprécié lors du grand oral de la FNSEA, juste avant la présidentielle. A l’époque, il était le seul candidat de gauche à avoir répondu à l’invitation du premier syndicat agricole, historiquement proche de la droite.

«D’abord je les écoute»

Au côté d’un jeune éleveur récemment installé, Roussel pointe, encore, «l’agri-bashing» de certains de ses partenaires de la Nupes, dont le PCF fait pourtant partie. Quelques minutes après, accoudé au comptoir d’un brasseur local, il surenchérit dans une tirade : «Les agriculteurs, d’abord je les écoute, ensuite je les soutiens. Je ne leur tire pas dessus ; c’est une belle et noble profession à valoriser.» A la sortie du bar éphémère, Philippe Gosselin, député Les Républicains, l’interpelle. «Ça, c’est des bons de la gauche républicaine comme on les aime.» Roussel sourit. Gêné.