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Le poison lent du «deux poids, deux mesures» est en marche. Cet argument terrible sévit dans tous les conflits, mais il a une acuité particulière dans celui qui oppose les Israéliens et les Palestiniens depuis 1948. Tous les profs d’histoire, tous les journalistes, tous les responsables politiques ont été confrontés à cette suspicion souvent légitime, encore plus souvent instrumentalisée, de favoriser un camp sur l’autre dans la distribution de la compassion ou de l’indignation.
L’attente d’une impartialité des émotions dans un contexte de concours victimaire est particulièrement exacerbée dans ce cas, puisque la création de l’Etat hébreu est le résultat d’une décision de l’ONU. Une partie du monde soupçonne l’Europe et les Etats-Unis, soit d’être contraints par des exigences électorales (le «vote juif»), soit d’être rongés par le remords de la Shoah, et en conséquence de fermer les yeux sur les nombreuses victimes arabes d’une guerre qui dure depuis soixante-cinq ans. Une partie des Israéliens et des Juifs d’Europe estiment, à l’inverse, que l’opinion occidentale est trop sensible à la complainte d’un monde arabe dirigé par toute une série de dictateurs, et qui n’aurait pas su rentrer dans l’ère de la démocratie.
Deux mémoires, deux histoires cloisonnées, jalonnées de martyrs, s’opposent de fa