Ils étaient 50 % en 2019. Tout au long de la campagne européenne, Libé donne la parole à cette partie de l’électorat qui n’ira pas aux urnes le 9 juin. Une abstention qui n’a, parfois, rien à voir avec de l’indifférence.
«On m’a foutue dehors !» En fait, un emploi aidé sans lendemain… C’est pour cette raison qu’Audrina Madelaine, 30 ans aujourd’hui, a cessé en 2017 de militer pour le Parti socialiste à Saint-Denis, chef-lieu de la Réunion. Et c’est à cette date, dit-elle, qu’elle a arrêté de croire en la politique. «Dégoûtée.» La mère de famille, qui élève seule son garçon, est tout de même allée voter à la présidentielle de 2022 : la Réunionnaise a glissé un bulletin Mélenchon au premier tour puis s’est abstenue au second.
Le 9 juin, elle fera le même choix pour les européennes. Même si elle reconnaît qu’elle peut «flancher pour l’extrême droite». En 2019, le parti de Marine Le Pen, déjà mené par Jordan Bardella dans cette élection, était d’ailleurs arrivé largement en tête dans le département d’outre-mer : 31,2 % des suffrages exprimés, loin devant la liste de La France insoumise (19 %) et celle de Renaissance, soutenue par Emmanuel Macron (10,4 %). Pourquoi Audrina Madelaine passerait-elle de la gauche à l’extrême droite ? «On est