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Régionales 2021

Régionales en Auvergne Rhône-Alpes : en meeting, les socialistes «font corps pour construire l’utopie»

Réunis lundi soir sous le soleil, derrière leur candidate Najat Vallaud-Belkacem, les cadres et militants PS lyonnais ont étrillé Laurent Wauquiez, le président de région sortant, et sa «politique de désintégration sociale».
Najat Vallaud-Belkacem (PS) en meeting à Lyon lundi, pour les élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes. (Bruno Amsellem/Libération)
par Maïté Darnault, correspondante à Lyon
publié le 15 juin 2021 à 19h11
(mis à jour le 15 juin 2021 à 20h25)

Des tables de pique-nique peintes en bleu, vert, jaune et rose, des transats et des chaises dépareillées. Et même une buvette avec de la IPA, de l’eau d’hibiscus, à côté d’un foodtruck à galettes. Et des gens contents de se recroiser, l’air un peu étourdi comme après une longue hibernation. A Lyon, lundi soir, le deuxième et dernier meeting de campagne de Najat Vallaud-Belkacem, organisé dans un tiers-lieu de plein air (un champ de graviers en pente entre deux voies ferrées), ressemblait à s’y méprendre à un petit festival. Il y avait aussi quelques drapeaux avec la rose au poing, pas mal de sexagénaires vaccinés, un petit bataillon de jeunes pour faire la claque. Une centaine de personnes, pas la foule des grands jours, juste ce que la jauge sanitaire autorisait.

Il y avait du soleil plein les yeux (on était plein ouest) et des masques siglés «l’Alternative», du nom du projet porté par l’ancienne ministre de l’Education nationale de François Hollande, candidate de la gauche aux élections régionales d’Auvergne-Rhône-Alpes. «Nous nous sommes tant manqués», a articulé avec soin au micro Cédric Van Styvandael, le maire quadragénaire de Villeurbanne, héritier de (ce qu’il reste de) la gauche lyonnaise. Et puis : «Faire de la politique sans se voir, sans se toucher, sans boire des coups, ce n’est pas faire de la politique. Faire de la politique, c’est faire un, faire corps pour construire l’utopie.»

Epouvantail

Malgré l’envie, le verbe d’espérance, les pronostics filent le cafard face au bloc de droite, qui engrangerait au premier comme au second tour plus de deux tiers des voix. Selon un sondage Ipsos pour France.tv et Radio France du 9 juin, au premier tour, Laurent Wauquiez, le président sortant, mènerait la danse pour LR et l’UDI avec 33 % des intentions de vote, suivi du RN (avec l’ex-LFI Andréa Kotarac, 22 %), du député LREM Bruno Bonnell (14 %), de la liste PS de Najat Vallaud-Belkacem alliée au PRG et Cap Ecologie (12 %) puis des écologistes conduits par l’EE-LV Fabienne Grébert (11 %). Au second tour, en cas de quadrangulaire, Wauquiez gagnerait avec 37 %, devant le RN (23 %). L’union de la gauche le 20 juin au soir est au moins un acquis depuis plusieurs mois en Auvergne-Rhône-Alpes. Mais qui de Vallaud-Belkacem ou de Grébert prendra la tête de cet attelage (qui ferait entre 22 % et 24 % des voix) ? Suspense. Bonnell arriverait dernier, avec 18 % des voix.

Alors pour tenter de conjurer le sort à quatre jours de l’arrêt d’une drôle de campagne, les orateurs à la tribune (une brochette de cadres socialistes plus le bon copain Guillaume Lacroix, patron des radicaux) sont venus planter, chacun leur tour, une épingle dans l’épouvantail Wauquiez : «marchepied pour l’extrême droite» (Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse), qui «avec son cinéma et son cynisme excessif» fait «œuvre de séparatisme» (Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin), qui a «l’Europe honteuse» et mène une «politique de désintégration sociale» (l’eurodéputée Sylvie Guillaume).

Quand Najat Vallaud-Belkacem prend la parole, elle déroule son programme pour «une sécurité du quotidien» : plus de logement, de santé, de transports, de culture, de sport et de médiation, pour que «les idées de gauche reprennent la place qui aurait toujours dû être la leur dans notre région». Elle conclut sur la «concorde» et le «bien-être». Un immeuble a avalé le soleil couchant. Les femmes et les hommes politiques viennent se serrer sur la petite estrade pour une photo de famille. La bande-son demande «who run the world ?» («qui dirige le monde ?») Réponse de Beyoncé : «girls» («les filles»). Pour les socialistes, il faudra encore attendre un peu.