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Tout un programme

Avant la présidentielle, Montebourg tâte le terrain sur l’immigration

Election Présidentielle 2022dossier
Selon «le Figaro», le futur candidat réfléchit à des propositions chocs en matière de regroupement familial ou de répartition sur le territoire des étrangers accueillis en France. Dans son entourage, certains assurent que ces propositions ne seront pas dans son programme, d’autres appellent à ne pas être «tétanisés» par ces questions.
Arnaud Montebourg en janvier à Lannion (Côtes-d'Armor). (Mathieu Pattier/SIPA)
par Nina Jackowski
publié le 27 août 2021 à 7h50

En matière d’économie, les positions d’Arnaud Montebourg, chantre du miel et des amandes made in France, sont assez connues. Celles sur l’immigration, beaucoup moins. Dans un article du Figaro paru ce mercredi, l’ancien ministre de l’Economie et du Redressement productif de François Hollande travaillerait ainsi à des «mesures chocs» en la matière pour sa candidature à la présidentielle, qu’il doit confirmer le 4 septembre dans sa ville natale de Clamecy (Nièvre). Le néo-chef d’entreprise s’interrogerait ainsi sur «une répartition plus équilibrée en France des personnes issues d’une même aire géographique, […] une limitation annuelle en matière de regroupement familial et […] une immigration économique limitée aux filières professionnelles sous tension». De quoi sérieusement bousculer sa famille d’origine.

«On dément catégoriquement», insiste auprès de Libération Valentin Przyluski, président de l’Engagement, le mouvement lancé en janvier par l’ancien socialiste, plus de quatre ans après avoir quitté la scène politique. «L’immigration est un des sujets qu’il faut regarder en face, mais ce n’est pas central», explique celui qui a travaillé avec Montebourg lorsqu’il était à Bercy. Les trois propositions citées pourraient faire partie de notes échangées, mais aucune ne serait formellement inscrite dans le futur programme. Les priorités de l’ancien député PS de Saône-et-Loire restent centrées sur ses marottes : la relocalisation de l’économie ou encore le retour à une souveraineté alimentaire et industrielle.

«Bloc populaire» opposé au «bloc bourgeois»

«Il faut arrêter d’être gêné ou tétanisé par ces sujets», estime de son côté la sénatrice socialiste Laurence Rossignol (Oise), soutien affiché de Montebourg. Sur l’immigration et la laïcité, l’élue estime que son candidat s’apprête, lui, à défendre une ligne «cohérente». «A gauche, on a souvent un point de vue quand on est au pouvoir et un autre quand on est dans l’opposition», cingle-t-elle. Et de rappeler que le problème n’est pas la question des immigrés, mais les conditions d’accueil des étrangers en France. «Il faut définir une stratégie globale qui allie intégration dans le tissu économique, démographie et aménagement du territoire», soutient Rossignol.

Avec un socle électoral de gauche historiquement bas pour 2022 (autour de 25 % selon les sondages si on additionne tous les candidats déclarés ou quasi), Montebourg tente de ratisser plus large. L’ancien avocat défend, selon ses proches, une ligne transpartisane, s’adressant à un «bloc populaire» opposé au «bloc bourgeois» des «élites», comme il l’expliquait dans une tribune au Monde en juin. Les mêmes termes étaient employés par Jean-Luc Mélenchon la veille sur son blog. Montebourg visait cette «France des gens ordinaires», allant des diplômés précarisés aux petits commerçants, qui seraient «aptes à former une nouvelle majorité». «Tous ceux-là [le bloc populaire, ndlr] pensent également que l’immigration n’est pas sous contrôle et pèse sur les conditions de vie des plus modestes, face au slogan facile du “accueillons-les tous !”» écrivait-il alors dans cette tribune.

«On est pleinement de gauche»

Une position qui lui a aussi permis d’envoyer des clins d’œil à droite. Au début de l’année, certains proches de l’ex-ministre de Hollande et d’autres chez Xavier Bertrand évoquaient, dans les médias, l’idée d’un «arc souverainiste» en vue de 2022. Idée totalement passée de mode huit mois plus tard. «On est pleinement de gauche», se défend Valentin Przyluski. Pour lui, si son candidat dialogue avec l’autre camp sur des questions économiques, les échanges s’arrêtent là. Au début de l’année dans Mediapart, le président du mouvement Oser la France et figure souverainiste de LR, Julien Aubert, lançait tout de même cet appel au chantre de la «démondialisation» : «J’aimerais bien savoir ce qu’il propose sur l’immigration, sur l’identité ou sur l’islamisme. Le patriotisme, ce n’est pas seulement économique, c’est charnel.» Si Montebourg officialisera sous peu sa candidature dans la course à l’Elysée, il faudra sûrement attendre le détail de son projet le 25 septembre, lors de sa traditionnelle Fête de la rose à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), pour y voir plus clair.