Et de quatre ! Selon le dernier décompte du Conseil constitutionnel paru mardi après-midi, quatre candidats sont désormais potentiellement qualifiés pour le premier tour de l’élection présidentielle d’avril prochain. Avec 509 parrainages, la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud dépasse ainsi la barre fatidique des 500 signatures indispensables pour pouvoir concourir au poste suprême. Elle rejoint ainsi Emmanuel Macron (1 260 aujourd’hui) – qui ne s’est toujours pas déclaré officiellement –, la candidate LR Valérie Pécresse (1 824) et la représentante du Parti socialiste Anne Hidalgo (1 007) qui avaient, dès la semaine dernière, récolté le nombre de soutiens nécessaires.
En rassemblant ses 500 signatures si tôt, Arthaud devance ainsi plusieurs «gros» candidats qui n’ont pas encore récolté le nombre de signatures nécessaires mais qui s’en approchent. Ce ne devrait, par exemple, être qu’une question de jours pour le communiste Fabien Roussel qui compte désormais 492 signatures d’élus. Il devance de peu Jean Lassalle et ses 471 parrainages et l’écologiste Yannick Jadot qui en a récolté, pour l’heure, 450.
Mélenchon et Le Pen au coude à coude
Suivent ensuite le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (360), Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui sont tous deux au coude à coude avec 332 et 331 parrainages récoltés. Les deux candidats qui participent à leur troisième élection présidentielle creusent un peu l’écart avec l’ancien polémiste multicondamné pour incitation à la haine Eric Zemmour et ses 250 signatures validées. Ce mardi matin, le candidat de Reconquête a annoncé qu’il était parvenu à arracher 500 promesses de parrainages. Ce qui ne vaut pas forcément parrainage.
Loin derrière, les choses se compliquent en revanche pour Christiane Taubira. L’ancienne ministre de la Justice, sacrée par la primaire populaire fin janvier, n’est parvenue, pour l’instant qu’à recueillir 73 soutiens d’élus. Longtemps, l’entourage de l’ancienne députée de Guyane a surjoué la sérénité assurant qu’arriver à 500 signatures ne serait qu’une formalité. Mais dorénavant, on reconnaît qu’il y a bien un sujet. «Nous allons chercher les parrainages un par un, avec les dents», expliquait par exemple son conseiller spécial, Christian Paul, mardi sur France Inter. D’autant qu’avec le lâchage du PRG et la liberté qui a été donnée à ses élus concernant les parrainages, atteindre la barre fatidique des 500 signatures pourrait se révéler être un véritable chemin de croix.
François Hollande et Guillaume Meurice ont reçu un parrainage
A moins de trois semaines de la date limite pour collecter les précieux sésames – le 4 mars – Taubira se fait devancer par le candidat du Frexit François Asselineau (210 signatures), Philippe Poutou (188) et Anasse Kazib (118). Notons que depuis le dernier point d’étape (jeudi dernier), l’ancien président de la République François Hollande, pourtant pas candidat, a récolté une signature qui provient du maire socialiste de Bulgnéville, Christian Franqueville. Idem pour l’humoriste de France Inter Guillaume Meurice, qui mène depuis plusieurs semaines une campagne parodique.
A chaque élection présidentielle revient la question des signatures. Et évidemment 2022 n’y fait pas exception. Cette année encore, plusieurs candidats comme l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, la candidate du RN Marine Le Pen ou encore Eric Zemmour appellent à reformer le système qui veut, depuis 1976, que chaque candidat se fasse parrainer par 500 élus provenant de 30 départements différents. Ses opposants y voient un dispositif dépassé, qui favorise les vieux partis ancrés sur le territoire depuis de longues années. Alors qu’à l’inverse, eux, qui «pèsent» plus de 10% dans les sondages, peinent à récolter les précieux sésames.
La faute notamment, selon eux, à une loi de 2016 mise en place par François Hollande qui met fin à l’anonymat des parrainages et qui rend donc les élus frileux au moment d’accorder ou non leurs signatures. A l’extrême droite, on parle sans aucun problème de «déni de démocratie» en prenant bien souvent l’exemple d’Anne Hidalgo. «Plus de 652 parrainages et 1,5% dans les intentions de vote. Ce n’est pas ainsi que l’on résoudra le problème de l’abstentionnisme», estime Zemmour. En guise de réponse, l’intéressée réplique : «S’ils ne parviennent pas à récolter suffisamment de parrainages c’est qu’ils ne méritent pas de participer à l’élection présidentielle.»