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«Jordan Bardella change tout le temps d’avis, il n’est donc pas crédible.» Cet argument, répété à l’envi par ses opposants, a la force de l’évidence et la faiblesse du contexte politique. Le syndrome Donald Trump, l’homme qui s’est fait élire à la tête de l’Etat démocratique le plus puissant de la planète en disant n’importe quoi et en changeant d’avis comme de maîtresse, avait validé, par son succès, la prophétie du philosophe américain Harry Frankfurt, de l’époque Reagan, selon lequel nos sociétés politiques allaient être de plus en plus gouvernées par ce qu’il appelait le «bullshitisme».
Cette théorie avance qu’une affirmation politique a plus de force et de puissance de pénétration dans les consciences si elle est exprimée avec talent et aplomb que si elle est simplement vraie ou cohérente. La vérité et la constance sont des vertus secondaires pour emporter l’adhésion populaire dans un mode hypermédiatisé. La nouvelle rhétorique adaptée à TikTok fait peu de cas de la vérité, de la constance et de la cohérence. Donc, les revirements de Jordan Bardella, sur l’âge légal souhaitable pour le départ à la retraite (la position du RN était illisible), sur les prix planchers au moment de la crise agricole (