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Avec Sciences Po, Pécresse fait du Wauquiez

La patronne d’Île-de-France a décidé de couper les subventions de la région à la célèbre école. On l’avait connue moins regardante concernant d’autres établissements, comme Stanislas par exemple.
Valérie Pécresse en 2022Lyon, le 7 avril 2022. Matmut Stadium de Gerland. Meeting de Valerie Pecresse (sur la photo), présidente LR du conseil régional d'Île-de-France, candidate LR à l'élection présidentielle de 2022. (Albert Facelly/Libération)
publié le 30 avril 2024 à 13h54

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À Sciences Po, trop c’est trop pour Valérie Pécresse. La présidente LR d’Île-de-France a annoncé hier couper les vivres à l’école en suspendant les financements de la région tant que les mobilisations pro-Palestine n’auront pas cessé. Fustigeant au passage «une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite et instrumentalisés par la LFI et ses alliés islamo-gauchistes», dont le vivier se situerait rue Saint-Guillaume, Pécresse s’impatiente «d’un sursaut d’autorité» de la direction, beaucoup trop mollassonne à son goût. Un argumentaire partagé par l’ancien ministre de l’Éducation François Bayrou - et aujourd’hui, rappelons-le, Haut-commissaire au Plan. «Le financement de Sciences Po Paris, c’est à peu près 45% par l’État, si mes chiffres sont exacts. L’État a une responsabilité de faire en sorte que Sciences Po ne devienne pas un champ de bataille, un lieu d’affrontement. De débat oui, mais ce n’est pas ce qu’on est en train de faire», a-t-il déclaré sur France Info.

Le député Insoumis Damien Maudet a répliqué sur X en rappelant à Pécresse l’attribution il y a à peine trois mois de plus de 900 000 € au lycée Stanislas alors en pleine tournante médiatique et où la culture homophobe sévit de longue date : «Visiblement pour obtenir de l’argent de Pécresse, il vaut mieux tenir des propos homophobes et anti-avortements que de demander un cessez-le-feu pour les dizaines de milliers de morts à Gaza.» Un deux poids deux mesures que Marine Tondelier, elle, met tous les élus de droite dans le même bateau. «Après Laurent Wauquiez qui fait le cow-boy avec les financements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, c’est au tour de Valérie Pécresse de faire du chantage à Sciences Po», s’insurge la patronne des Écologistes.

Mais il n’y a pas qu’à gauche que la décision de Pécresse envers Sciences Po Paris choque. «Je n’y suis pas du tout favorable. Je trouve que c’est une posture, de la gesticulation», critique l’eurodéputée Horizons et ex-patronne de l’ENA Nathalie Loiseau et ancienne de l’IEP de Paris, sur Sud Radio. En même temps, sur France Inter, c’est la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet qui exprime ses doutes. Si elle se dit d’accord sur le fond avec les réserves émises par l’ancienne candidate LR à la présidentielle - «Ce qui est inacceptable, c’est que ces débats se transforment en blocage, en intimidation» - Belloubet diverge de Pécresse sur les sanctions prises : «C’est évidemment regrettable pour l’institution, il me semble qu’il ne faut pas surréagir immédiatement à une telle situation. Je pense qu’il est nécessaire de laisser les évènements et la direction agir comme elle l’a proposé dans la semaine qui vient et ensuite les mesures qui devront être prises pourront l’être.»