Menu
Libération
Assemblée nationale

Avec son «pacte législatif», Wauquiez déroule sa liste de courses et refuse une coalition

Replongé dans la tambouille parlementaire, le député de Haute-Loire a dévoilé ce lundi 22 juillet les contours de son «pacte législatif», un paquet de mesures mis sur la table du pouvoir macroniste.
Le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, et le député Laurent Wauquiez présentent leur «pacte législatif» à Paris lundi. (Denis Allard/Libération)
publié le 22 juillet 2024 à 19h58

Double jeu à la sauce Wauquiez. Revenu sur le devant de la scène après la dissolution, le député de Haute-Loire affine sa stratégie parlementaire, un poil ambiguë. D’un côté, il a négocié ces derniers jours avec Gabriel Attal, le Premier ministre démissionnaire, la répartition des postes stratégiques à l’Assemblée. «C’est le braqueur du siècle», relève une députée Liot, en allusion aux deux vice-présidences et au poste de questeur obtenus par ses soins. De l’autre, l’ancien ministre rejette toujours l’idée de coalition prônée par le chef de l’Etat après la défaite de son camp aux législatives. Pour épicer sa position, Laurent Wauquiez a dévoilé ce lundi 22 juillet les contours de son «pacte législatif», un paquet de mesures mis sur la table du pouvoir macroniste.

Tambouille parlementaire

«Pour tout exécutif qui se saisirait de ce pacte législatif, nous nous engageons, de notre côté, à voter les lois qui sont à l’intérieur», a affirmé le député lors d’une conférence de presse à l’Assemblée, aux côtés du chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Et Wauquiez de préciser, soucieux d’écarter les «fantasmes» : «Ce n’est pas une coalition gouvernementale et ce ne sera pas une coalition gouvernementale. […] Nous sommes indépendants et nous le resterons.» Un moyen de couper court aux spéculations de ceux l’ayant aperçu, la semaine dernière, échanger avec Attal dans les couloirs du Palais-Bourbon pour les postes de l’institution, scène vue comme l’amorce d’un rapprochement entre la macronie et les 47 députés «Droite républicaine».

Voter les textes au gré des intérêts de son camp, poser des «lignes rouges»… La méthode ressemble à celle qu’applique la droite depuis 2022. Replongé dans la tambouille parlementaire, Wauquiez, lui, ne jure que par le sérieux de sa démarche. Brossant une «situation politique bloquée», l’élu refuse «d’être du côté de ceux qui bloquent ou jouent la politique du pire». Son pacte repose sur «une priorité, absolue, la revalorisation de la France qui travaille et qui a travaillé toute sa vie». En habits sarkozystes, il veut «retrouver un vrai écart de reconnaissance, de salaire net, entre celui qui travaille et celui qui ne travaille pas». L’ex-ministre croit dur comme fer à l’actualité de son constat dressé il y a une quinzaine d’années, à l’époque décrié y compris dans son camp, sur un «système d’assistanat qui nous coûte de plus en plus cher».

«C’est de l’apparence»

Sa feuille de route s’articule autour de «l’autorité», la relocalisation de la production industrielle et agricole et les services publics. Sa mouture législative comprend treize propositions de loi, déjà dans les placards de la droite parlementaire. En matière régalienne, du pur classique à droite : retour des peines planchers, présomption de légitime défense pour les policiers ou suppression des allocations familiales pour les parents de jeunes délinquants. L’intégralité des mesures de la loi sur l’immigration censurées par le Conseil constitutionnel devrait également être reprise. Pour le volet relocalisation, l’ancien ministre défend la baisse des impôts de production, la «préférence locale» dans les commandes publiques ou un moratoire sur les nouvelles normes. Pour le travail, sa priorité, Wauquiez ressort la défiscalisation des heures supplémentaires, une réforme de l’assurance chômage ou l’instauration d’une aide sociale publique «plafonnée à 70 % du smic». Sans oublier, au rayon services publics, le renforcement de l’autonomie des établissements scolaires ou la territorialisation des études de médecine.

Dans l’opposition, le groupe de Wauquiez menace de déposer une motion de censure si le futur gouvernement augmente les impôts ou touche aux pensions des retraités. Avec ce «programme d’urgence nationale», Wauquiez attend désormais que le camp présidentiel «se positionne». Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, lui aussi en lice pour 2027, a déjà bougé un orteil, évoquant la semaine dernière des «propositions très intéressantes». En face, Wauquiez jongle entre son ambition élyséenne, sa volonté de se tenir à distance de la macronie, et la carte de l’opposant responsable. Et s’attire déjà les critiques. Aurélien Pradié, député en rupture de ban avec LR, qui siège en non-inscrit, juge que «le pacte législatif, c’est de l’apparence». Pour Wauquiez, avance-t-il, «il faut que rien ne puisse vraiment réussir d’ici à 2027». «Aller dans un gouvernement, c’est se lier les mains, signer un chèque en blanc, cautionner tout ce qui a été fait depuis sept ans», s’est défendu de son côté l’intéressé ce lundi. Au même moment, Eric Ciotti, le patron du parti contesté en justice, l’a accusé dans un courrier envoyé aux adhérents LR de bâtir une «alliance avec Emmanuel Macron». Un double piège.