Rêve illusoire ou ultime tentative de conciliation ? Dans une interview au Figaro, la présidente de la commission nationale d’investiture (CNI) du parti Les Républicains et par ailleurs ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, tend une nouvelle main vers Rachida Dati. «Je veux croire [à un accord pour la législative partielle à venir dans la 2e circonscription de Paris] et nous avons deux mois devant nous pour faire l’union de la droite à Paris», affirme la numéro 3 de LR, alors que la droite parisienne s’enfonce dans un énième psychodrame dont elle a le secret. Depuis l’invalidation du député sortant sur les terres de Rachida Dati – notamment le VIIe arrondissement –, la guerre est déclarée entre elle et son (ex ?) parti. Déclaré candidat, Michel Barnier s’est fait investir par LR lundi soir, déclenchant la dissidence de la ministre de la Culture.
«Sans Rachida Dati, LR ne peut pas gagner [la mairie de] Paris. Sans LR, elle ne peut pas gagner Paris», tente de convaincre Genevard. L’intérêt «bien compris» doit, selon elle, permettre de lever les doutes de la maire du VIIe : «Rachida Dati craint, comme beaucoup de grands politiques, des rivalités potentielles. Il faut conjurer cette crainte, insiste la ministre de l’Agriculture. Michel Barnier a été très clair : il n’est pas et ne sera pas candidat à la mairie de Paris.» Des propos qui viennent appuyer le communiqué officiel de LR publié après la CNI et qui désignait Rachida Dati, à ce stade, comme «la mieux placée» pour incarner l’alternance.
Un duel qui pourrait coûter cher à LR
Assez pour rassurer Dati ? Pas si sûr… La violence avec laquelle la ministre de la Culture, renvoyée en correctionnelle pour «recel de bien obtenu avec l’aide d’un abus de confiance», «trafic d’influence passif» et «corruption passive» dans l’affaire Renault-Nissan, a claqué la porte lundi en CNI après un passage éclair de quinze minutes laisse assez peu de doutes sur son ambition d’empêcher Michel Barnier de s’implanter à Paris.
Le tout sous les yeux d’un exécutif macroniste pour l’instant spectateur, gardant ouvert plusieurs options : accepter la nomination de Barnier (bien que le président de la République ne soit pas favorable au retour de son ancien Premier ministre au Parlement), soutenir la ministre de la Culture ou présenter une candidature indépendante comme, par exemple, celle de la ministre chargée du Numérique, Clara Chappaz.
Dans cet entretien au Figaro, Annie Genevard tend aussi la main à Horizons, pourtant alliés à Renaissance dans le camp présidentiel mais qui pourrait être intéressé par un soutien à la candidature de Barnier. «Si Horizons juge qu’il est plus utile de soutenir un candidat de droite qu’un candidat issu de ses rangs à plus faible notoriété, alors ils feront preuve de responsabilité», glisse la ministre. La droite n’en a pas fini avec ce vaudeville.