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Libération
Polémique

Benzema jugé pas assez bon français par la droite, Mélenchon à son secours

Le leader de La France insoumise a pris la défense du footballeur, «diabolisé» par la droite et l’extrême droite, depuis que Gérald Darmanin a évoqué sa prétendue affiliation aux Frères musulmans.
Jean-Luc Mélenchon à Bordeaux, le 11 octobre. (Christophe Archambault/AFP)
par Laurette de Vivie Aufroy
publié le 19 octobre 2023 à 19h29

Jean-Luc Mélenchon a adressé son soutien cet après-midi sur Twitter (renommé X) à l’ancien footballeur de l’équipe de France Karim Benzema (qui a rejoint depuis peu le club saoudien Al-Ittihad), ciblé depuis le début de la semaine par la droite et l’extrême droite pour avoir exprimé sa solidarité avec les habitants de Gaza menacés par l’offensive de l’armée israélienne. «Je ne vous connais pas et je ne sais rien du foot. Mais le gouvernement et ses amis ont choisi de vous diaboliser», a dénoncé le leader insoumis. La réaction de Jean-Luc Mélenchon intervient alors qu’il est lui-même aux prises d’une polémique dans le même contexte. En effet, le chef de La France insoumise et son parti s’étaient refusés à qualifier le Hamas d’organisation terroriste après l’attaque perpétrée en Israël le 7 octobre, s’attirant les foudres d’une partie de l’opinion publique, et creusant de profondes scissions au sein de la Nupes. Compassion sincère ou stratégie politique ? Sans doute un peu des deux.

Tout part d’un tweet, dimanche, dans lequel Karim Benzema adressait ses prières aux habitants de la bande de Gaza, «victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n’épargnent ni femmes ni enfants». C’était la première réaction publique du joueur depuis l’attaque du Hamas.

Karim Benzema s’est ensuite retrouvé propulsé dans le tumulte paranoïaque de la droite et l’extrême droite qui a multiplié les attaques violentes voire xénophobes contre la star du foot. C’est le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a ouvert le feu en évoquant sur CNews des prétendus «liens notoires» du joueur avec les Frères musulmans, mouvement islamiste transnational, considéré comme terroriste par plusieurs pays… dont l’Arabie Saoudite où le joueur vit désormais.

Les accusations et les anathèmes ont fusé contre le lauréat du Ballon d’Or 2022. La sénatrice LR Valérie Boyer a souhaité qu’on lui retire ce trophée et, tant qu’à faire, a demandé sa «déchéance» de la nationalité française, dans un communiqué publié sur Facebook. L’absence de prise de parole de Benzema au sujet des morts en Israël ainsi que sur l’attentat ayant coûté la vie vendredi à Dominique Bernard, professeur dans un collège d’Arras, ont aussi poussé l’eurodéputée Nadine Morano à le traiter de «Français de papier» sur CNews. Dans la foulée, Eric Zemmour est allé jusqu’à faire, sur France 2, un «lien direct» entre les opinions de Karim Benzema et l’assassin du professeur de français. Le député RN Julien Odoul a, quant à lui, sifflé sur CNews qu’il faisait «partie de ces Français qui ont la carte d’identité dans la poche gauche et le petit manuel des Frères musulmans dans la poche droite».

Le joueur a depuis vivement démenti ces allégations, et son avocat a annoncé un prochain dépôt de plainte contre Gérald Darmanin. «C’est incroyable que le premier policier de France puisse tenir ce genre de propos sans vérification. C’est inadmissible !» s’est insurgé son conseil, Hugues Vigier, sur RMC. Contacté par Libé, l’avocat a également annoncé une plainte prochaine contre Eric Zemmour.