Il était l’un des derniers ministres encore en vie de l’époque Pompidou, président de la République de 1969 à 1974. Elu pour la première fois en 1967, plusieurs fois ministre au cours de sa longue carrière politique et ancien secrétaire général du RPR, Bernard Pons est mort ce mercredi, à 95 ans, a annoncé sa famille à l’AFP.
Figure de la droite et de la chiraquie, le natif de Béziers (Hérault) occupa plusieurs maroquins ministériels : secrétaire d’Etat à l’Agriculture dans les gouvernements de Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer, ministre des Dom-Tom sous Jacques Chirac en 1986, puis aux Transports sous Juppé, en 1995.
L’ancien président Nicolas Sarkozy lui a rendu hommage sur Twitter. «La disparition de Bernard Pons marque la fin d’une époque. Celle des grands moments de compagnonnage, de la politique épique, du gaullisme triomphant.»
La disparition de Bernard Pons marque la fin d’une époque. Celle des grands moments de compagnonnage, de la politique épique, du gaullisme triomphant. J’aimais beaucoup cet homme qui a tant donné à sa famille politique. Pensées les plus amicales et affectueuses pour les siens.NS
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) April 27, 2022
«Jeune loup» de Pompidou
Bernard Pons est né en 1926, dans l’Hérault. A 17 ans, en mars 1944, il s’engage dans la Résistance, auprès des Francs-tireurs et partisans (FTP). Avec ses frères, il gagne le maquis, dans la région de Cahors. Démobilisé après la guerre, il s’installe comme médecin généraliste dans la préfecture du Lot. Auprès du maire de l’époque, Jean Calvet, le jeune médecin fait ses premières armes en politique.
En 1967, le Premier ministre, Georges Pompidou, décide d’envoyer ses «jeunes loups» batailler lors des législatives dans des terres de gauche du Sud-Ouest. Ce sera la Corrèze pour Jacques Chirac, le Lot pour Bernard Pons. «Seuls Chirac et moi avons été élus», se souvenait l’ancien ministre dans Libération en 1995.
Leur victoire électorale scelle une amitié durable. Bernard Pons est nommé une première fois secrétaire d’Etat à l’Agriculture, dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, en 1969. Pompidou vient de succéder à De Gaulle, qui a passé la main après les événements de mai 1968 et un référendum en forme de plébiscite perdu dans la foulée. Le «docteur Pons», comme il était surnommé, enchaîne ensuite les mandats de députés et les maroquins ministériels. Opposant à Valéry Giscard d’Estaing et fidèle à sa ligne gaulliste, il participe en 1976 à la création du Rassemblement pour la République (RPR). Il en devient secrétaire général de 1979 à 1984.
Drame d’Ouvéa
Sa fidélité à Chirac sera récompensée en 1986. Cette année-là, la majorité RPR-UDF rafle la mise aux législatives. Jacques Chirac est propulsé à Matignon, alors que François Mitterrand a été élu à l’Elysée en 1981. C’est la première cohabitation de l’histoire de la Ve République. Pons, lui, hérite du ministère des DOM-TOM. L’actualité brûlante en Nouvelle-Calédonie marquera son passage rue Oudinot, où se trouve le ministère à Paris.
Le «Caillou» est alors en proie à une violente période de tensions entre indépendantistes et non indépendantistes. A mesure que la situation se crispe, la métropole renforce sa présence militaire dans son ancienne colonie. Fin avril 1988, 22 gendarmes et 1 magistrat sont retenus en otages dans une grotte de l’île d’Ouvéa par de jeunes militants indépendantistes. Le 5 mai, François Mitterrand donne l’ordre de prendre d’assaut la grotte. Un massacre : 19 indépendantistes et 2 militaires sont tués. «Il n’y avait pas d’autre issue, nous n’avons pas fait d’erreur», répétait Pons des années plus tard.
Après avoir été élu député dans l’Essonne en 1981, Pons prend la tête du groupe RPR à l’Assemblée nationale. Grognard de la chiraquie dans la lutte fratricide à droite pour l’élection présidentielle de 1995, qui oppose le maire de Paris et Edouard Balladur, alors Premier ministre de cohabitation, Pons est une nouvelle fois récompensé quand Chirac remporte l’Elysée en 1995. Il est nommé ministre des Transports.
Battu lors des législatives de 2002 face à Françoise de Panafieu, ancienne ministre du Tourisme sous Alain Juppé, Bernard Pons quitte la vie politique nationale. Il conservera seulement un mandat de conseiller de Paris, jusqu’en 2008. Dans ses mémoires, Aucun combat n’est jamais perdu (L’Archipel, 2018), l’ancien ministre revenait longuement sur le drame d’Ouvéa, qui le marqua profondément.