Menu
Libération
Bilan

Bloquons tout : ce qu’il faut savoir sur les actions en fin de journée ce mercredi

Blocages disparates systématiquement contrecarrés par les forces de l’ordre et convergence de cortèges dans certaines grandes villes, avec des heurts par endroits : «Libération» fait le point sur les actions de ce mercredi 10 septembre.

Vers 6 heures, la police déloge un dépôt de bus à Paris bloqué par une centaine de manifestants. (Denis Allard/Libération)
ParLudovic Séré
Journaliste - Actu
AFP
Publié le 10/09/2025 à 11h45, mis à jour le 10/09/2025 à 18h26

Une chose est sûre : cette journée du mercredi 10 septembre annoncée depuis des semaines par le mouvement Bloquons tout porte mal son nom. De blocage, il aura finalement été peu question, à part sur quelques points épars, souvent vite évacués par des forces de l’ordre très nombreuses et des consignes de Beauvau extrêmement fermes, sur fond d’intronisation du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu.

Schématiquement, la mobilisation aura été coupée en deux parties : des regroupements sporadiques sur des ronds-points, des péages d’autoroutes et des axes routiers pour la partie rurale et périurbaine. Des manifestations sauvages parfois ponctuées de fortes tensions dans les grandes métropoles, notamment à Paris. A 17 h 45, le ministère de l’Intérieur annonçait 473 interpellations en France (203 à Paris), qui ont abouti à 339 gardes à vue (106 à Paris). Beauvau a dénombré 812 actions dans le pays, réunissant 175 000 personnes. Suivez notre live et nos reporters sur place.

A Paris, des heurts mais pas que

Dans la capitale, dès le milieu d’après-midi, des heurts parfois violents ont eu lieu en plusieurs points : notamment place de la République et autour de Châtelet, où l’immense centre commercial du forum des Halles a dû fermer ses grilles après des menaces de pillage. A 17 h 45, la préfecture de police indiquait que 203 personnes avaient été interpellées. En fin de journée, des bouts de cortège continuaient de jouer au chat et à la souris avec les forces de l’ordre dans les rues de Paris. Symbole fort : les tout nouveaux Centaure, blindés de la gendarmerie nationale, étaient stationnés non loin de l’Elysée en milieu d’après-midi. Dans la matinée, plusieurs lycées étaient bloqués et des manifestants avaient tenté d’entraver la circulation sur le périphérique, en vain. En revanche, sur la bien-nommée place des Fêtes, dans le XXe arrondissement, des débats étaient organisés pour un public plus familial, en présence de nombre d’associations féministes et écologistes.

Des points chauds et des convergences dans les grandes villes

D’autres tentatives de blocage se sont heurtées à des policiers déployés en nombre, comme à Marseille, où ils ont empêché 200 personnes d’accéder à l’autoroute venant de Toulon. Finalement, la préfecture a décompté 8 000 manifestants dans la deuxième ville du pays. A Brest, les manifestants étaient 5 000, 2 200 à Lorient, 2 000 à Orléans et autant à Bordeaux, selon les préfectures. Lyon a été le théâtre d’une belle convergence entre les cheminots, grévistes du secteur de l’énergie et personnels soignants mais une manifestation a débouché sur cinq interpellations et un policier légèrement blessé. A Toulouse, la manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes s’est également terminée dans des tensions avec les forces de l’ordre.

Des tentatives de blocage avortées en zone rurale

Ailleurs, plusieurs actions spectaculaires ont été observées dans la matinée mais, à chaque fois, les forces de l’ordre sont intervenues très rapidement. A Caen, des manifestants ont mis le feu à des objets sur le viaduc de Calix. Sur la rocade de Rennes, un barrage a été mis en place très tôt le matin. Selon les militaires, un bus a été «pillé et incendié sous un pont». Le véhicule aurait «explosé et donc potentiellement fragilisé» la structure. Vers Poitiers, un péage d’autoroute a été bloqué avant l’intervention des gendarmes.

A La Réunion, plusieurs tentatives de blocage ont eu lieu sur des ronds-points ou des ponts, mais ont été, pour la plupart, déjouées par les forces de l’ordre. Quelque 250 gendarmes étaient déployés sur l’île pour quelques centaines de manifestants en tout.

Dans le détail, la gendarmerie nationale a déclaré à Libération avoir interpellé une vingtaine de personnes à Poitiers (Vienne), Gaillac (Tarn), Pontet (Vaucluse), Tournus et Autun (Saône-et-Loire), Annonay (Ardèche), Montbrison (Loire), Saint-Paul ou la Saline-les-Hauts (La Réunion). Les militaires ont dénombré plusieurs centaines d’actions.

Les transports pas si perturbés

Dans le Sud-Ouest, des câbles électriques ont été sectionnés entre Marmande et Agen (Lot-et-Garonne) mais ces dégâts ont été réparés et le trafic a pu reprendre. L’entreprise ferroviaire a déclaré que «des tentatives d’envahissement de plusieurs gares», comme la Gare du Nord à Paris, celles de Marseille et de Montpellier, avaient été «empêchées par les forces de l’ordre» et que la circulation des trains via les gares de Cherbourg et de Valence-Ville avait pu reprendre après avoir été brièvement interrompue en fin de matinée en raison d’«occupations de voies».

Des enquêtes sont en cours sur les actes de malveillance et SNCF Réseau va déposer plainte, a ajouté la SNCF. Le ministère des Transports a cité des «exactions», telles que le «cadenassage d’une grille d’accès à une gare en Ile-de-France, des jets de pétards» sur une voie, ou encore la «présence de palettes sur les voies entre Rennes et Redon». En Ile-de-France, les transports en commun ont connu quelques perturbations du fait de grévistes, «conformes aux prévisions», selon les opérateurs de transport.

Mobilisation limitée à l’école

La mobilisation reste limitée dans l’Education nationale, d’après les chiffres transmis par le cabinet d’Elisabeth Borne : 4,6 % de grévistes en moyenne, dont 6 % chez les enseignants et plus de 10 % dans la vie scolaire. Dans le premier degré, la grève est quasi inexistante, la majorité des écoles étant fermées le mercredi. Le ministère recense une centaine d’établissements perturbés et 27 totalement bloqués.

À Paris, des actions ont eu lieu devant plusieurs lycées - Henri-IV, Lavoisier, Lamartine, Voltaire, Claude-Monet ou Hélène-Boucher. À Montpellier, trois lycées étaient partiellement bloqués selon la préfecture. À Lille, des filtrages ont été observés, sans fermeture complète. Des blocages ou tentatives de blocage ont aussi été signalés à Rennes et dans d’autres villes.

Mise à jour à 18 h 26, avec les événements de la journée.