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Malaise

Bolloré et les médias : pour Emmanuel Macron, une emprise de tête

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Tiraillé entre le refus de ne pas interférer dans des affaires financières privées et la volonté d’empêcher l’extrême droitisation des médias, le chef de l’Etat joue l’équilibriste. Un dilemme gênant pour l’Elysée, qui reconnaît qu’il y a «un projet politique Bolloré».
Emmanuel Macron redoutait la structuration par Bolloré d’une armée médiatique contre lui lors de la présidentielle. (Albert Facelly/Libération)
publié le 14 juillet 2023 à 20h00

Emmanuel Macron reçoit de temps en temps sur son téléphone portable des petites vidéos, sorte de best-of des pires moments qui lui sont consacrés sur la chaîne d’info CNews. Elles lui sont envoyées par Bruno Roger-Petit, qui s’occupe lui-même du montage depuis son bureau à l’Elysée. Grâce à son conseiller mémoire, le Président ne rate rien de l’intervention de l’éditorialiste Joseph Macé-Scaron, qui affirme qu’il sera «toujours le lycéen qui répète le spectacle de théâtre de fin d’année», ou des diatribes de Pascal Praud. «Le niveau…» soupire généralement le chef de l’Etat après chaque visionnage.

C’est avec ces images en tête qu’Emmanuel Macron tombe régulièrement sur l’animateur star de CNews chez Lily Wang, un resto du VIIe arrondissement de Paris où le couple présidentiel aime dîner. A chaque fois, Praud l’interpelle et lui délivre ses conseils. A force, le chef de l’Etat l’a surnommé «le concierge de Lily Wang». La dernière fois qu’ils se sont croisés, c’était à la Rotonde, autre QG macronien. «Il m’a conseillé de m’inspirer de Didier Deschamps pour mes interventions, rapporte alors le Président en rentrant au palais. Je n’ai rien compris.»

Nous sommes alors au printemps, et Emmanuel Macron sait qu’il n’a pas fini d’entendre parler de Praud et de sa chaîne d’i