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Libération
Réplique

Borne et Bompard dénoncent le projet d’Attal sur l’interdiction du port du voile aux filles de moins de 15 ans

Dans deux styles différents, la ministre macroniste et le député insoumis ont fustigé, ce dimanche 25 mai, la proposition polémique du patron de Renaissance.
La ministre française de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche, Elisabeth Borne, à l'Elysée, le 23 mai 2025. (Leo Vignal /AFP)
publié le 25 mai 2025 à 20h40

Elisabeth Borne et Manuel Bompard sont très rarement d’accord. Mais un homme rapproche ce dimanche 25 mai la ministre de l’Education nationale et le coordinateur national de la France insoumise : Gabriel Attal. Les deux personnalités politiques ont en effet, dans des styles différents, critiqué dans leurs interviews dominicales la proposition du patron de Renaissance d’interdire le voile aux filles de moins de 15 ans sur fond de débat sur l’influence des Frères musulmans en France et de surenchère droitière dans les mesures à prendre pour y faire face.

Invité du Grand Jury RTL-Public Sénat-Le Figaro, Manuel Bompard a jugé «pathétique et pitoyable» la proposition de l’ancien Premier ministre. «En quelque sorte, il veut participer à son tour au championnat du monde des plus démagogiques et des plus réactionnaires», a-t-il affirmé. «C’est ridicule. Vous allez envoyer des policiers dans la rue pour aller contrôler la carte d’identité d’une personne qui porte le voile pour savoir si elle a 14 ans et 11 mois ou 15 ans. Franchement, ce n’est pas raisonnable», a-t-il ajouté.

Macron «complotiste» selon Bompard

Le député des Bouches-du-Rhône en a profité pour tancer le président de la République, qui avait réuni mercredi un conseil de défense consacré à un rapport sur les Frères musulmans et destiné à lutter contre un «entrisme» islamiste en France. Quand Emmanuel Macron «accrédite» cette thèse «puisqu’il fait un Conseil de défense sur le sujet, oui il est complotiste», a-t-il attaqué.

Ton plus mesuré pour Elisabeth Borne, qui a tout de même marqué son opposition à la proposition de Gabriel Attal. «Quand on est face à une menace grave, il faut ne s’interdire aucune piste et ensuite il faut travailler pour proposer des mesures rigoureuses, constitutionnellement solides et applicables», a déclaré l’ex-Première ministre, appelant son successeur à «prendre le temps d’en débattre aussi» au sein du parti dont elle est une figure. «C’est un symptôme, sans doute, que la petite fille a une éducation qui n’est pas conforme aux valeurs de la République, mais il va de soi que si on devait interdire certains signes religieux, alors il faudrait interdire tous les signes religieux, les interdire dans l’espace public qui n’est pas un espace neutre [comme] l’école», a-t-elle développé. Avant de s’interroger : «Ensuite, il y a une question d’applicabilité : est-ce qu’on imagine que des policiers vont interpeller, verbaliser des petites filles ?»