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Justice

Brigitte Macron : deux femmes condamnées pour diffamation après une fake news transphobe sur la Première dame

Une médium et une journaliste «indépendante autodidacte» ont été condamnées ce jeudi 12 septembre à payer plusieurs milliers d’euros à la Première dame et à son frère, après avoir propagé l’infox affirmant que Brigitte Macron serait une femme transgenre.
Brigitte Macron assistant à une demi-finale de tennis de table en fauteuil roulant lors des Jeux paralympiques de Paris 2024, le 4 septembre 2024. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 12 septembre 2024 à 17h12

Elles affirmaient que l’épouse du président était un homme… Deux femmes qui avaient propagé sur internet la fausse rumeur selon laquelle Brigitte Macron était une femme transgenre ont été condamnées ce jeudi 12 septembre par le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation. Elles devront payer un total de 8 000 euros de dommages et intérêts à la Première dame, et 5 000 euros à son frère Jean-Michel Trogneux, tous deux parties civiles au procès. A cela s’ajoute une amende de 500 euros avec sursis.

«Ce n’est pas une victoire, c’est une application normale de la loi», a réagi Me Jean Ennochi, l’avocat de Brigitte Macron, qui était absente au délibéré comme au procès. Lors de l’audience en juin, il avait insisté sur le préjudice «énorme» causé par cette fake news, qui avait «flambé partout» dans le monde. «Compte tenu de toutes ces reprises», désormais, «nous poursuivons systématiquement» en justice. «Des poursuites sont en cours en France, et à l’étranger», a-t-il précisé.

Au cœur du dossier, une théorie resurgissant régulièrement sur les réseaux sociaux depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, selon laquelle Brigitte Macron, née Trogneux, n’aurait jamais existé, mais que son frère Jean-Michel aurait pris cette identité après avoir changé de sexe.

La rumeur était apparue initialement dans la revue confidentielle d’extrême droite Faits et documents. Les deux femmes avaient contribué à la faire connaître en 2021, via une longue «interview» de plus de quatre heures. La «médium» Amandine Roy interrogeait sur sa chaîne YouTube Natacha Rey, «journaliste indépendante autodidacte» sur la découverte de ce qu’elle qualifiait de «tromperie», d’«escroquerie», de «mensonge d’Etat». Dans l’entretien de quatre heures diffusé sur YouTube, les deux femmes diffusaient des photos de Brigitte Macron et de sa famille, évoquaient des interventions chirurgicales qu’elle aurait subies, prétendant qu’elle ne serait pas la mère de ses trois enfants et donnaient des informations personnelles sur son frère.

«Fadas»

Brigitte Macron avait ensuite porté plainte pour diffamation publique avec constitution de partie civile le 31 janvier 2022, conduisant à un renvoi (quasi-automatique en droit de la presse) des deux femmes devant le tribunal. Emmanuel Macron avait réagi à ce sujet en mars 2024 en qualifiant de «fadas» (fous) ceux qui y croyaient.

La fausse information avait connu un écho plus important après la vidéo YouTube, s’exportant même à l’international – notamment et encore récemment aux Etats-Unis, où elle est devenue virale à l’extrême droite, en pleine campagne présidentielle. Plusieurs femmes politiques dans le monde ont également fait les frais de ces fake news à caractère transphobe sur internet. L’ex-Première dame des Etats-Unis Michelle Obama a été visée, ainsi que l’actuelle vice-présidente américaine Kamala Harris ou encore l’ancienne Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.