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Bruno Retailleau dévoile les contours de sa lutte contre l’islamisme en France

Trois jours après la publication du rapport sur les Frères musulmans, le ministre de l’Intérieur a précisé, ce lundi 26 mai, son dispositif pour «s’attaquer aux écosystèmes islamistes», à la manière de ce qui est fait contre le terrorisme.

Bruno Retailleau et Gérald Darmanin à l'Elysée, le 23 mai 2025. (Thomas Samson/AFP)
Publié le 26/05/2025 à 13h09

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dévoilé ce lundi 26 mai les contours de l’organisation qu’il souhaite mettre en place pour «s’attaquer aux écosystèmes islamistes», lors d’un déplacement à la préfecture des Hauts-de-Seine, trois jours après la publication officielle, vendredi soir, d’un rapport sur l’islamisme en France. «Cette nouvelle organisation va reposer, un peu à l’image de ce qui a été fait sur le terrorisme, sur un chef de filât en matière de renseignement», a-t-il précisé. Le chef de filât est une notion technique du droit des collectivités qui s’apparente à celle d’un chef de file.

Deux chefs de file désignés par Bruno Retailleau vont se dédier à cette lutte. D’abord Bertrand Chamoulaud, directeur national du renseignement territorial, a affirmé le ministre. Accompagné de la directrice des Libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur, Pascale Léglise, qui «aura un rôle de parquet administratif» et fournira une «expertise en matière d’entrave administrative», a ajouté le républicain.

«Meilleure organisation»

Bruno Retailleau avait déjà promis mercredi «une meilleure organisation» de l’Etat face à l’islamisme, sujet au cœur d’un rapport ayant fait l’objet de larges fuites dans la presse. Il avait alors promis «un vrai chef de file en matière de renseignement» et un parquet administratif pouvant diligenter des dissolutions.

Le ministre de l’Intérieur s’exprimait en préambule d’une réunion de la Cellule de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (Clir), avec également autour de la table des représentants de diverses instances – sécurité publique, Urssaf, ARS… «Je souhaite que demain les Clir puissent s’attaquer aux écosystèmes islamistes», a martelé Retailleau en soulignant que «la lutte contre l’islamisme et contre l’entrisme, ce n’est pas seulement l’affaire du ministère de l’Intérieur» mais «de l’ensemble des ministères et des services de l’Etat».

Les Clir ont été créées fin 2019 et la première a été installée à Bobigny en février 2020, «pour diagnostiquer et lutter contre phénomène d’entrisme», a rappelé le ministre.

Durcissement

L’architecture dévoilée ce lundi «ne saurait se déployer et être efficace si elle ne reposait pas sur une infrastructure territoriale» et ce «exactement comme avec le terrorisme», a ajouté le ministre. Bruno Retailleau a estimé «qu’il faudra sans doute durcir» cette organisation «dans des départements qui sont les plus concernés par cet entrisme».

Le ministre s’exprimait devant la presse pour la première fois depuis la publication officielle, vendredi soir, d’un rapport faisant état d’une «menace pour la cohésion nationale» avec le développement d’un islamisme «par le bas», au niveau des associations et des municipalités, de la part des Frères musulmans. Bruno Retailleau avait fait l’objet d’un recadrage par Emmanuel Macron, après que le rapport a fui dans la presse.