LR s’éloigne bien du bloc central. Malgré la présence de ministres venus de son parti au gouvernement, Bruno Retailleau ne s’interdit aucun coup contre le collectif formé par Sébastien Lecornu, que son parti a toutefois décidé de ne pas censurer la semaine dernière.
C’est bien sûr le budget qui est au cœur de l’agacement du président du mouvement. Dans une interview au Figaro publiée mardi 21 octobre, l’ancien ministre de l’Intérieur aiguise ainsi les couteaux : «Je veux être très clair : en l’état, le projet de budget de l’exécutif est invotable par la droite, car le gouvernement veut faire payer aux Français les délires et les vieilles lunes socialistes pour s’acheter du temps !»
Une référence à la suspension de la réforme des retraites, qui a pourtant valu aux socialistes des accusations en trahison de la part du camp insoumis, qui leur reproche de leur côté d’avoir accepté un budget austéritaire pour obtenir ce décalage dans le temps. Le Vendéen juge ainsi «terrible» le «signal» que porte la suspension de la réforme des retraites, qui fera l’objet d’une lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ce jeudi, en conseil des ministres.
«Nous nous battrons pied à pied pour rectifier la copie»
Qu’importe pour le Vendéen. «Si les choses devaient en rester là, Les Républicains voteraient donc évidemment contre et ne s’interdiraient aucun débat, y compris celui de la censure. Mais je ne peux pas imaginer que les choses en arrivent là, car les députés et les sénateurs LR ne laisseront pas faire : nous nous battrons pied à pied pour rectifier la copie», a-t-il développé. Une position partagée par son rival au sommet du parti de droite Laurent Wauquiez, un peu plus tôt sur BFM, qui a prévenu : «Ce n’est pas parce que son parti n’a pas censuré le gouvernement qu’ils vont voter le budget tel qu’il est.»
Déclencheur de la crise ministérielle d’octobre, Bruno Retailleau se «félicite» par ailleurs d’avoir «provoqué une rupture immédiate en quittant» le gouvernement Lecornu 1, en désaccord sur sa composition. «Sans quoi j’aurais assisté, depuis le banc des ministres, à une déclaration de politique générale qu’un ministre socialiste aurait pu prononcer, mélange de laxisme budgétaire et de renoncements régaliens». «J’aurais alors de toute façon immédiatement remis ma démission», assure-t-il.
Une rupture qui ne signifie pas pour autant une réponse aux appels du pied de son prédécesseur Eric Ciotti, aujourd’hui rallié au Rassemblement national, qui veut l’engager dans une alliance des droites : «Je ne crois pas à l’union des droites par les appareils mais par les électeurs. […] Si la droite se compromet dans les calculs, elle est morte.» Début octobre, l’ex-patron de Beauvau a d’ailleurs appelé les électeurs du Tarn-et-Garonne à ne donner aucune voix pour la gauche dans un scrutin qui opposait le Parti socialiste au candidat ciottiste, dont ce dernier est sorti vainqueur.