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Taxe

Budget 2025 : la gauche fait voter un impôt sur le patrimoine des milliardaires

Les députés ont adopté ce vendredi 25 octobre, en l’absence de beaucoup d’élus macronistes, un amendement de la gauche qui prévoit de créer une taxe sur les biens des giga-riches, qu’ils soient Français ou détenant leur patrimoine en France.
Le président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, Eric Coquerel, a défendu ce vendredi 25 octobre la taxe Zucman, voté par la suite, qui prévoit un impôt sur le patrimoine des milliardaires. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 25 octobre 2024 à 13h58

Nouvelle victoire surprise de la gauche à l’Assemblée nationale ce vendredi 25 octobre, avec le vote d’une mesure visant à mettre à contribution les patrimoines des giga-riches. Surnommée «taxe Zucman», du nom de l’économiste français Gabriel Zucman qui l’a conçue comme un impôt mondial sur les milliardaires, celle-ci consiste à taxer à hauteur de 2 % la fraction du patrimoine supérieure à un milliard d’euros. Elle concernerait, si elle était appliquée, tout milliardaire résidant fiscalement en France ou ayant du patrimoine en France. «En 20 ans, ils – les milliardaires – ont accumulé 1 000 milliards de patrimoine, alors leur prendre 13 milliards pour l’intérêt général et l’écologie je dis banco !», a triomphé sur X le président (LFI) de la commission des finances, Eric Coquerel, qui défendait l’amendement correspondant à une revendication commune du Nouveau front populaire (NFP).

Ce vote, obtenu sans les voix du Rassemblement national, est d’autant plus inattendu que quelques instants plus tôt, le NFP a échoué à faire passer un «impôt sur la fortune climatique» qui tiendrait compte de l’empreinte carbone du patrimoine. Son rendement est estimé à 15 milliards d’euros, selon l’écologiste Eva Sas. Cette proposition a été rejetée par la coalition gouvernementale, ainsi que par le RN.

Cette taxe sur les milliardaires n’a que peu de chance d’entrer en vigueur, car elle ne devrait pas survivre à la navette parlementaire avec le Sénat, et à un éventuel recours à l’article 49.3 de la Constitution. Ce nouvel impôt irait «ponctionner à hauteur de 13 milliards d’euros le patrimoine des concitoyens concernés», a critiqué le ministre du Budget Laurent Saint-Martin. «C’est tout simplement un impôt qui, je pense, n’existe dans aucun autre pays», a-t-il ajouté, avant d’avertir : «Le meilleur moyen de faire fuir ceux qui peuvent investir dans notre pays, c’est exactement celui-là.»

«Un argument difficilement audible pour 95 % de nos concitoyens», a répliqué le président de la commission des Finances. «Les personnes dont nous parlons, en 20 ans, ont accumulé mille milliards de plus de patrimoine», a-t-il ajouté, fustigeant les «chantages au départ».

Même si le ministre Renaissance fulmine, si le vote est passé à l’Assemblée nationale, c’est en partie lié à l’absence des membres de son propre camp, dont les rangs sont très dégarnis ce vendredi 25 octobre. Les députés Ensemble pour la République (EPR) assument cependant d’avoir laissé leurs places vides et disent attendre le passage du texte au Sénat. Le RN, opposé à l’amendement, a d’ailleurs interpellé les élus du bloc central, leur reprochant de ne pas être venus assez nombreux dans l’hémicycle pour repousser l’amendement.