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Libération
Coupes budgétaires

Budget 2025 : les élus locaux vent debout face aux 5 milliards d’économies demandées aux collectivités territoriales

Comme l’Etat et la Sécu, régions, communes et départements devront contribuer à l’effort budgétaire en 2025. Le gouvernement leur demande cinq milliards d’euros d’économies, déclenchant un tollé parmi les élus locaux, de Carole Delga à David Lisnard.
Carole Delga devant la presse lors d'un rassemblement du Parti socialiste à Blois, le 30 août 2024. (Serge Tenani/Hans Lucas. AFP)
publié le 9 octobre 2024 à 11h31

On a connu des débuts de cures d’amaigrissement plus enthousiastes. Les élus locaux, toute couleur politique confondue, prennent très mal le plan de réduction de dépenses de cinq milliards d’euros présenté aux collectivités territoriales par le ministre du Budget Laurent Saint-Martin et sa consœur chargée des Territoires Catherine Vautrin, mardi 8 octobre.

«Inutile de nous faire des discours sympathiques sur la confiance à retrouver alors que les actes immédiats sont, à l’inverse, la parole bafouée», a lancé André Laignel, vice-président délégué de l’Association des maires de France (AMF) et président de la Commission des finances locales, dans la foulée des annonces. Les collectivités «n’acceptent aucune des mesures» présentées, a tonné le maire PS d’Issoudun. Ce matin, le président de l’AMF et maire LR de Cannes David Lisnard, lui a emboîté le pas, accusant l’Etat de demander «aux autres d’assumer ses propres turpitudes», tout en dénonçant «une situation infernale». Pour l’édile, qui ne cache pas ses ambitions nationales, «il ne s’agit pas d’économies. Il s’agit de prélèvements supplémentaires de l’Etat.»

Les collectivités craignent pour leur capacité d’investissement

Le principal dispositif prévu est un fonds d’épargne qui serait imposé aux 450 «plus grosses» collectivités, pour un coup de frein de 2,8 milliards d’euros sur la dépense. Cette épargne serait «restituée» ultérieurement, selon des modalités encore à définir, et vingt départements «sensibles» en seront épargnés. Autre annonce, un gel de la revalorisation annuelle des recettes de TVA touchées par les collectivités pour une économie avoisinant 1,3 à 1,5 milliard d’euros. La troisième mesure proposée par l’Etat pèserait sur le fonds qui sert normalement à compenser la TVA acquittée par les collectivités. Cela devrait rapporter 800 millions d’euros.

De quoi faire craindre à l’Association des petites villes de France (APVF), des efforts faits au «prix de l’investissement des collectivités». Une inquiétude partagée par Carole Delga. «Les Régions ne peuvent être la solution à un Etat trop dépensier et inefficace», a réagi la présidente de la région Occitanie, également à la tête de Régions de France. Dans un communiqué, la socialiste a rappelé que les régions «portent aujourd’hui 12 % de l’investissement public sur tous les territoires pour seulement 1 % de la dette nationale».

Les collectivités locales étaient déjà à cran ces dernières semaines. Elles ne digèrent pas la parution d’un document délivré par Bercy, sous l’ancien ministre Bruno Le Maire, qui les accusait d’avoir dégradé le déficit public à hauteur de 16 milliards d’euros cette année. Pour ne rien arranger, la Cour des comptes a suggéré d’y supprimer quelque 100 000 emplois. Les élus locaux comptent désormais sur le débat parlementaire pour amender dans un sens plus favorable le projet de loi de finances qui sera présenté le 10 octobre par le gouvernement, avant d’être débattu à l’Assemblée le 21 octobre.