Ils étaient huit à voter en faveur de la censure du gouvernement, le 16 janvier dernier, malgré l’abstention de la majorité des autres députés socialistes. Cette fois, alors que le PS avait annoncé qu’il ne soutiendrait pas la motion portée par La France insoumise ce mercredi 5 février, 6 députés roses sur 66 ont dérogé à la règle. De quoi porter à 128 le nombre de votant en faveur de la motion de censure. Ce qui reste insuffisant puisqu’il aurait fallu 289 voix pour faire tomber le gouvernement.
Paul Christophle (Drôme), Pierrick Courbon (Loire), Peio Dufau (Pyrénées-Atlantiques), Philippe Naillet (Réunion), Christian Baptiste (Guadeloupe) et Mélanie Thomin (Finistère), n’ont pas suivi la ligne de leur groupe. Tous avaient déjà fait ce choix lors du scrutin de la mi-janvier, à l’exception des deux derniers qui n’avaient pas pris part au vote.
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Une opposition au «passage en force permanent»
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux mercredi soir, la députée du Finistère a fait part des raisons qui l’ont motivée, cette fois, à censurer le gouvernement. «Malgré nos efforts de compromis, force est de constater que ce budget demeure le plus austéritaire de ces dernières décennies», souligne-t-elle. L’élue bretonne dénonce «le passage en force permanent [qui] n’est pas une méthode», selon elle. «Le gouvernement actuel abîme la cohésion nationale et le sens du front républicain, lorsqu’il embrasse certaines idées de l’extrême droite», alerte finalement Mélanie Thomin, qui affirme que son vote ne change rien à son engagement au sein du groupe socialiste.
Christian Baptiste s’élève également contre un «passage en force permanent». Le député PS de la Guadeloupe, qui a voté la censure après s’être abstenu le 16 janvier, s’est exprimé dans un communiqué rédigé avec son collègue de la Réunion, Philippe Naillet. Les deux élus ultramarins expliquent assister «depuis trop longtemps […] à un mépris systématique envers [leurs] territoires». Pointant les «baisses drastiques du budget consacré aux outre-mer», ils déplorent que «[leurs] terres, [leurs] populations, [leurs] urgences ne sont pas la priorité».
Les insoumis félicitent les socialistes censeurs
Quatre des huit députés socialistes qui avaient suivi le reste du NFP en votant pour la censure de François Bayrou, le 16 janvier, se sont donc tenus à la ligne décidée par le PS. Parmi eux, Iñaki Echaniz (Pyrénées-Atlantiques) s’est abstenu, ce mercredi. Le député basque avait annoncé qu’il s’alignerait, cette fois, sur la majorité des socialistes. «Je ne ferai pas obstacle à ce budget […] et ça me coûte», avait-il lancé avant le vote au micro d’ici Béarn Bigorre. Avant le vote, le Parti socialiste avait fait part, dès lundi 3 février, de son intention de ne pas soutenir le texte insoumis et de déposer sa propre motion de censure, sur le fondement de l’article 49.2. Estimant avoir obtenu des avancées, le parti à la rose et au poing considère, certes, ce PLF comme «un mauvais budget» – comme l’avait expliqué le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, dans une interview à Libération – tout en reconnaissant qu’«il fa [llait] un budget pour la France».
De quoi susciter la colère des insoumis, Jean-Luc Mélenchon affirmant sur son blog que la non-censure du PS avait valeur de «ralliement au gouvernement Bayrou». En meeting à Angers mercredi soir, le leader insoumis a fait applaudir les six socialistes qui se sont joints au reste du NFP pour voter la censure. «Bravo aux 6 députés du groupe socialiste qui ont sauvé l’honneur», a écrit, de son côté, le président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, sur X.