Mieux vaut sortir le parapluie que de se laisser surprendre par une drache. En bon Normand, Sébastien Lecornu connait la précarité du ciel de sa région comme de sa situation politique. «On peut chuter à n’importe quel moment» sur le budget, a-t-il ainsi reconnu ce samedi dans une interview au Parisien, assurant mener, dans le cadre des discussions budgétaires, une «stratégie des petits pas» pour résister à la censure.
Comparant son chemin à Matignon à «une course d’endurance très incertaine», il rappelle que «si les oppositions veulent censurer, elles censureront. Je suis très lucide. Cela peut dérailler dix fois. Mais si ceux qui veulent vraiment que cela fonctionne pour le pays jouent le jeu, on va y arriver».
Dans l’attente de la «seconde lecture»
Auprès de la Tribune dimanche, le chef du gouvernement a par ailleurs indiqué que le débat sur la taxe Zucman sur les hauts patrimoines, rejetée par les députés, en dépit des nouvelles concessions du Parti socialiste, «est derrière nous». «C’est maintenant un débat pour la prochaine présidentielle.»
Il a indiqué que la «seconde lecture» du budget à l’Assemblée nationale serait «le moment de vérité», alors que les députés s’apprêtent à mettre entre parenthèses l’examen du budget de l’Etat mardi 4 novembre, pour s’atteler au budget de la Sécurité sociale. Rejeté en commission des affaires sociales malgré l’approbation de la suspension de la réforme des retraites, le texte contient encore de nombreuses mesures abrasives pour les oppositions.
Les deux textes budgétaires, une fois passés par l’Assemblée nationale, iront ensuite au Sénat, puis reviendront devant les députés à l’issue d’une commission mixte paritaire (CMP) réunissant des parlementaires des deux chambres. La discussion budgétaire va s’étirer jusqu’à la mi-décembre au moins, sauf si une censure est votée avant.
«A la fin, ce sera un budget de transition»
Dans ces confidences à la presse, le Premier ministre nie par ailleurs avoir négocié un accord global avec les socialistes, à qui le gouvernement a dû sa survie à la mi-octobre. «Il n’y a pas de deal et il n’y en aura pas jusqu’au bout, martèle-t-il. Le PS, qui ne souhaite pas jouer à la politique du pire, peut désormais défendre des avancées concrètes auprès de nos concitoyens», affirme Sébastien Lecornu au Parisien.
Ce qui n’empêche pas le chef du gouvernement d’égratigner ses interlocuteurs privilégiés. «Certains membres du PS ont parfois du mal à faire vivre les avancées obtenues durablement», tacle-t-il auprès de la Tribune dimanche. Une référence implicite à ses pas en faveur du parti à la rose, se disant prêt à soutenir la réindexation des pensions de retraite et des minimas sociaux, la hausse de la CSG sur le patrimoine, trois mesures déjà votées en commission à l’Assemblée nationale sur le budget de la Sécu. «A la fin, ce sera un budget de transition, anticipe-t-il. Sans majorité absolue, je suis prêt à accepter une stratégie des petits pas.»