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Libération
Epée de Damoclès

Budget : Marine Le Pen estime que le gouvernement «a mis fin à la discussion», Michel Barnier «reste ouvert au dialogue»

Le RN maintient la pression ce dimanche 1er décembre concernant le vote d’une motion de censure après un possible 49.3 sur le budget de la Sécu, qui pourrait précipiter la chute du gouvernement Barnier.
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 31 octobre 2024. (Stéphane de Sakutin/AFP)
publié le 1er décembre 2024 à 8h09
(mis à jour le 1er décembre 2024 à 18h26)

La partie de poker menteur se poursuit. La leader du Rassemblement national Marine Le Pen considère ce dimanche 1er décembre au soir que le gouvernement «a mis fin à la discussion» sur d’éventuelles modifications au budget la sécurité sociale (PLFSS), qui sera soumis lundi à l’Assemblée nationale et pourrait provoquer la chute de Michel Barnier. «Le gouvernement a exprimé son souhait de ne pas modifier le PLFSS, c’est extrêmement clair et nous avons pris acte de cela», a-t-elle précisé, s’appuyant sur des déclarations du ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin au journal Le Parisien.

Dans la foulée, Matignon a répété que Michel Barnier «reste ouvert au dialogue comme il l’est depuis le début», dans une déclaration transmise à l’AFP.

Samedi soir, Marine Le Pen avait appelé le Premier ministre à d’ultimes concessions. «La censure n’est pas inéluctable. Il suffit que M. Barnier accepte de négocier», avait affirmé la patronne du parti d’extrême droit dans un entretien à La Tribune Dimanche, manifestement agacée que le RN, le premier groupe à l’Assemblée nationale, n’ait pas été approché plus tôt pour «participer à l’élaboration d’un budget».

Reçue pour la première fois à Matignon lundi dernier, la cheffe des députés du parti d’extrême droite avait dit rester «constructive», mais avait prévenu le Premier ministre que s’il refusait de négocier avec le RN, ce serait lui qui prendrait alors «la décision du déclenchement de la censure». La patronne du parti d’extrême droite avait soutenu avoir «tiré à peine 10 % des mesures» du contre-budget présenté par le Rassemblement national «pour en faire des lignes rouges, à savoir des suppressions de taxes ou d’impôts avec, en contrepartie, des recettes nouvelles, puisque nous ne voulons évidemment pas aggraver le déficit».

Même si le budget de la Sécu a fait l’objet d’un accord entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire mercredi, le gouvernement peut encore modifier son texte jusqu’au dernier moment pour satisfaire aux exigences des oppositions. Michel Barnier s’était dit vendredi «dans l’état d’esprit de respect de dialogue». «Nous attendons de voir le projet de budget de la Sécurité sociale lundi pour en tirer les conséquences. Si le texte n’a pas évolué et que le gouvernement décide d’un 49.3, nous voterons la censure», prévenait samedi le député d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy.

«Censurer un accord démocratique»

Mais le gouvernement est-il prêt pour autant à de nouveaux gestes ? Dans un entretien au Parisien samedi soir, le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin a rappelé que le texte est le fruit d’un compromis entre sénateurs et députés. «Censurer ce texte reviendrait à censurer un accord démocratique». Alertant «sur la facture de la censure», il a aussi fait part de sa crainte que la chute du gouvernement provoque une hausse des taux d’intérêts de la dette, plombant ainsi la capacité de l’Etat «à protéger le pouvoir d’achat».

Au lendemain du maintien de la note de la France par l’agence S & P, son collègue Antoine Armand, ministre de l’Économie, a de son côté appelé «chacun à ses responsabilités» pour éviter que la crise politique ne se double d’une crise financière.

Chronique «Si j'ai bien compris…»

En attendant, le Sénat termine ce week-end l’examen du volet «recettes» du budget de l’État pour 2025, affichant une attitude constructive mais exigeante vis-à-vis du gouvernement. Pilier du «barniérisme», dominée par une alliance droite-centristes qui soutient le gouvernement, la chambre haute doit voter ce dimanche sur l’ensemble de la partie «recettes» du budget, un scrutin sans suspense.

Elle s’attaquera ensuite aux multiples missions budgétaires thématiques, promettant de nets coups de rabot dans la dépense, sur l’Aide médicale d’État (AME) en faveur des immigrés sans papiers, la formation des enseignants, le «Pass culture» ou le Service national universel…

Vers un examen de la motion de censure mercredi

L’étau va sérieusement se resserrer sur Michel Barnier à partir de lundi. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) sur lequel l’Assemblée nationale va devoir se prononcer est truffé d’irritants pour les oppositions (allègements de cotisations patronales, désindexation partielle des retraites, déremboursements de médicaments…).

Sans majorité, le Premier ministre pourrait choisir d’actionner l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’approbation d’un texte sans vote. Mais il s’exposerait à la première motion de censure de l’automne qui pourrait, elle, être examinée dès mercredi.

Si la gauche et le Rassemblement national unissent leurs voix, le gouvernement tombera. Ce serait la première fois depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962.

Mise à jour : à 18h24, avec l’ajout de la déclaration de Matignon.