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Budget : le maire de Marseille ne veut pas que le gouvernement lui «fasse les poches»

Lors de ses vœux à la presse ce vendredi, Benoît Payan a rappelé son opposition à des coupes pour les collectivités territoriales dans le futur budget. Des milliards en moins qui mettraient, à ses yeux, le pays «à genoux».
Le maire de Marseille, Benoît Payan, en 2024. (Clement Mahoudeau/AFP)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 10 janvier 2025 à 19h02

C’est la nouvelle année et Benoît Payan a fait un vœu ce vendredi devant la presse, en espérant que le nouveau Premier ministre l’entende. Un avertissement plutôt, alors qu’à Paris, les consultations politiques autour du futur budget de l’Etat sont dans la dernière ligne droite, en vue d’une présentation devant le Sénat la semaine prochaine. Pas question, pour le maire (DVG) de Marseille, de «laisser le gouvernement nous faire les poches» : «Je serai là pour me battre», a-t-il prévenu, ignorant pour l’heure à quelle hauteur François Bayrou a placé le curseur de coupes des dotations de l’Etat pour les collectivités territoriales dans son projet de loi de finances.

«Inacceptable»

Son prédécesseur à Matignon, Michel Barnier, l’avait officiellement fixé à 5 milliards d’euros, mais l’addition montait en réalité à au moins 6,5 milliards. Cinquante millions d’euros de coupes concernaient Marseille, «une saignée digne du XVIIIe siècle», avait à l’époque tonné sur BFMTV le maire sudiste, calculant que cela correspondait aux salaires de la police municipale et du coût des 50 000 repas de cantine servis chaque jour par la ville. «Il ne s’agissait même pas de choisir entre l’un et l’autre, c’étaient les deux qui disparaissaient, a-t-il encore insisté ce vendredi. Au moment où il y a une crise aussi forte dans le pays, demander aux villes de faire des efforts, tout le monde peut le comprendre. Mais demander aux villes de payer parce que l’Etat n’a pas su gérer son budget, c’est inacceptable.»

Le maire de Marseille n’a pas précisé si la réduction des coupes des 5 milliards, sur lesquels communiquait le gouvernement, à 2 milliards d’euros, obtenue fin novembre devant le Sénat, lui semblait plus encaissable. Ses anciens camarades socialistes (lui n’est plus encarté au parti, mais reste proche d’Olivier Faure) ont, eux, demandé lundi au nouveau Premier ministre l’organisation d’une «conférence sur les moyens financiers et les compétences des collectivités territoriales».

«Variable d’ajustement»

De son côté, Benoît Payan a suggéré au gouvernement de chercher plutôt des économies dans ses propres caisses – «pas sur le dos des citoyens, mais sur son fonctionnement, où il y a des sources d’économie gigantesques à faire», a-t-il assuré. Et de laisser au contraire un peu d’air aux villes, «les seules à pouvoir amortir la crise que nous sommes en train de vivre», soutient-il. Faute de quoi, le Marseillais prédit «une catastrophe» : «Je le dis très clairement, pour que François Bayrou m’entende. S’il devait décider de faire des villes et des collectivités locales la variable d’ajustement de son budget, ce n’est pas seulement les villes mais bien le pays qu’il mettrait à genoux. Ce serait en quelques mois un affaissement total de ce que je considère être les piliers de la République. On ne peut pas détruire le premier échelon de la politique locale.»