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Pression

Budget 2025 : le RN maintient sa menace de censure, «le compromis n’est pas le chantage» rétorque le ministre du Budget

Gouvernement Bayroudossier
Le député d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy a estimé ce samedi 30 novembre que «le gouvernement ne semble pas vouloir bouger», notamment sur la question de la revalorisation des retraites, l’une des «lignes rouges» du RN.
Marine Le Pen suivie de Jean-Philippe Tanguy, à leur arrivée à Matignon le 25 novembre 2024. (Christian Hartmann/Reuters)
publié le 30 novembre 2024 à 14h23
(mis à jour le 30 novembre 2024 à 19h31)

Pas question de desserrer l’étreinte sur sa proie à Matignon. Le Rassemblement national maintient sa menace de voter la censure la semaine prochaine sur le budget de la Sécurité sociale car «le gouvernement ne semble pas vouloir bouger», a affirmé ce samedi 30 novembre aux Echos le député Jean-Philippe Tanguy, spécialiste des questions économiques du RN.

«Nous attendons de voir le projet de budget de la Sécurité sociale lundi pour en tirer les conséquences. Si le texte n’a pas évolué et que le gouvernement décide d’un 49.3, nous voterons la censure», prévient-il.

La leader du RN Marine Le Pen a donné «jusqu’à lundi» au Premier ministre Michel Barnier pour tenir compte des «lignes rouges» de son parti sur ce budget de la Sécurité sociale, l’un des trois textes susceptibles d’entraîner la chute du gouvernement, avec le budget de l’Etat 2025 et le projet de loi de fin de gestion 2024. Le RN juge insuffisante la concession faite jeudi par Michel Barnier qui avait renoncé à augmenter les taxes sur l’électricité.

Le budget de la Sécurité sociale doit revenir lundi devant l’Assemblée nationale pour adoption. Sans majorité, Michel Barnier pourrait actionner l’article 49.3 de la Constitution qui permet une approbation sans vote, mais expose le gouvernement à une motion de censure. Et si le RN votait une motion de censure de la gauche, le gouvernement tomberait.

«Hors de question de transiger»

«Nos lignes rouges sont les mêmes depuis le début de la discussion budgétaire et nous ne reculerons sur aucune de nos demandes. Hors de question de transiger sur la revalorisation de toutes les retraites au 1er janvier», a notamment déclaré Jean-Philippe Tanguy aux Echos. «C’est un casus belli. C’est un enjeu de justice sociale et un enjeu économique pour lutter contre la surépargne et relancer la consommation», a-t-il ajouté.

Pour faire des économies, le gouvernement voulait à l’origine repousser de six mois, au 1er juillet, l’indexation des retraites sur l’inflation. Mais il avait ensuite accepté que toutes les pensions soient revalorisées de la moitié de l’inflation le 1er janvier 2025, avec un second rattrapage pour les plus petites retraites six mois plus tard.

De son côté, le ministre de l’Économie Antoine Armand a appelé «chacun à ses responsabilités» ce samedi matin. «L’absence de budget, l’instabilité politique entraînerait une augmentation soudaine et substantielle des coûts de financement de la dette française», a fait valoir le ministre lors d’un point presse au lendemain du maintien de la note de la France par l’agence S & P.

«Dans ce moment crucial, au-delà des clivages partisans, dans l’intérêt général, notre pays a besoin d’un budget et j’appelle chacun à ses responsabilités», a-t-il plaidé. «Au fond, on peut se poser une question quand celles et ceux qui avaient certaines lignes rouges en annoncent d’autres au fur et à mesure», a fait remarquer Antoine Armand.

«La facture de la censure»

Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, en a remis une couche dans la soirée, lors d’une interview au Parisien. Pour lui, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui doit être voté lundi à l’Assemblée nationale après de longues discussions, ne bougera plus. «Revenir dessus serait s’asseoir sur le Parlement, la démocratie et la délibération dont nous respectons le compromis».

Face à la menace brandie par le RN, Laurent Saint-Martin a mis en garde contre «la facture de la censure». «Le compromis n’est pas le chantage : il ne peut y avoir d’ultimatum. Nous avons été responsables, à chacun maintenant de l’être. L’heure est trop grave», a-t-il asséné. Ou le risque de céder à un maître-chanteur.

Mise à jour : à 19h31, avec l’ajout des déclarations de Laurent Saint-Martin.