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Justice

«Cabale» : visé par une note de Tracfin, le député LFI Carlos Martens Bilongo porte plainte contre X

L’élu a déposé plainte ce mercredi 29 octobre pour «dénonciation calomnieuse» et «intelligence avec une puissance étrangère» dans cette affaire impliquant, selon lui, les Emirats arabes unis.

Le député LFI Carlos Martens Bilongo lors des questions au gouvernement, le 21 octobre 2025 à Paris. (Anne-Christine Poujoulat/AFP)
Publié le 29/10/2025 à 16h36

«Tracfin soupçonné d’avoir bidonné une note sur un député pour plaire aux Emirats arabes unis», titrait la semaine dernière l’Informé, révélant cette affaire. Le député LFI Carlos Martens Bilongo a déposé plainte ce mercredi 29 octobre contre X pour «dénonciation calomnieuse» et «intelligence avec une puissance étrangère» après avoir été visé par une note de la cellule de renseignement financier français Tracfin, a appris l’AFP auprès de ses avocats. Ce service aurait, selon lui, agi à la demande des Emirats arabes unis. Cette plainte auprès du Parquet national financier (PNF), que l’AFP a pu consulter, concerne aussi des faits de «diffusion de fausses informations», de «trafic d’influence» et de «corruption». La période visée s’étend de février 2023 à février 2024.

Les Emirats sont donc pointés du doigt par l’élu, qui avait formulé des critiques sur l’organisation de la COP 28 à Dubaï dans un rapport parlementaire. Tracfin se serait ensuite «livré à une enquête illégitime sur le député, à la demande en direct ou implicite des Emirats», affirme la plainte déposée par les avocats Arié Alimi et Chirinne Ardakani.

Elle souligne qu’une délégation de Tracfin, menée par son directeur général de l’époque, Guillaume Valette-Valla, s’est rendue à Dubaï peu après le rapport du député et qu’«à leur retour, une note interne visant M. Bilongo est rédigée, sans déclaration de soupçon préalable, ce qui viole le principe selon lequel Tracfin ne peut pas s’autosaisir».

Amélie de Montchalin dément

La semaine passée, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait démenti cette information, affirmant que Tracfin avait agi sur la base d’«une déclaration de soupçon». Tracfin «n’a pas travaillé à la demande d’une autorité étrangère» mais «l’identité de l’auteur de cette déclaration ne peut être révélée» car «ce serait un délit», avait-elle affirmé.

Selon la plainte, la note de Tracfin «comporte de grossières erreurs comptables (confusion entre impôts sur le revenu et impôts sur les sociétés, mauvaise compréhension du modèle de franchise de l’entreprise du député, etc.) et conclut à des anomalies financières d’environ 200 000 euros sur cinq ans». L’enquête, ouverte mi-avril 2023 contre l’insoumis de 34 ans pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux, avait finalement été classée sans suite en janvier 2025 par le parquet de Nanterre.

Lors d’une conférence de presse la semaine dernière après l’article de l’Informé, Carlos Martens Bilongo avait dénoncé «une cabale» et «une fausse note» de Tracfin. «Les faits mis au jour» par le média «révèlent des pratiques d’une gravité extrême», telles que «l’implication d’officines privées, des stratégies de déstabilisation menées contre des responsables publics et une possible connivence avec certains relais médiatiques», ont dénoncé ses avocats dans un communiqué.

«Il est essentiel que la justice fasse toute la lumière sur ces faits et protège les institutions de la République, ainsi que leurs représentants, de telles ingérences étrangères», ont-ils affirmé.