Dans le minibus de sa campagne électorale, qui l’emmène d’un clocher à l’autre, Patrick Kanner est plongé dans sa comptabilité : celle des grands électeurs dont il espère les voix ce dimanche, aux élections sénatoriales. On est vendredi 15 septembre, et le patron du groupe socialiste au Sénat le sait, en vieux briscard : «C’est un travail d’entretien permanent, même auprès des convaincus potentiels. En dix jours, il peut se passer beaucoup de choses.» Jamais une élection sénatoriale dans le Nord n’a été aussi indécise : seize listes, du jamais-vu, pour 5 898 grands électeurs, à 96 % des élus locaux. Patrick Kanner a une inquiétude ce matin : le bureau de Christian Poiret, président du département du Nord et présent sur la liste du sénateur divers droite sortant, Dany Wattebled. Il est situé dans les mêmes locaux que la préfecture, là où le vote se déroulera, dimanche. «Il peut recevoir les maires avant et après l’élection, avec des petits fours. On se méfie, explique Kanner. Nous demandons un minimum d’équité à la préfecture.»
Tous les détails comptent, explique-t-il, pour ne pas perdre une voix, jusqu’aux vitres poussiéreuses du minibus qu’il demande de nettoyer. On le croit sur parole, il a des années de campagnes électorales dans les pattes : il a été adjoint au maire de Lille, d’abord de Pierre Mauroy, pui