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Chanvre

CBD: les itinéraires cannabis des candidats à la présidentielle 2022

Cannabis pour tous ?dossier
Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon en faveur de la légalisation, Valérie Pécresse pour une stratégie répressive… Loin d’apaiser les esprits, l’interdiction du CBD par le gouvernement s’invite dans le débat public.
La vente de fleurs de chanvre, pourtant sans substance psychotrope, est désormais interdite. (Fabrice Picard/Libération)
par Yovan Simovic
publié le 7 janvier 2022 à 22h50

Les «sages» ont parlé. Le Conseil constitutionnel a rejeté ce vendredi la demande d’associations de producteurs et détaillants de CBD attaquant un arrêté régissant la consommation et vente de cannabis. L’arrêté de 1990, révisé le 31 décembre, prévoit désormais l’interdiction de la vente de fleurs de chanvre, pourtant sans substance psychotrope. Le sujet avait déjà conduit plusieurs candidats à la présidentielle à se positionner sur cette question, et sur le cannabis plus largement.

Chez les Europe Ecologie-les Verts, c’est l’indignation. «Sept millions de Français consomment cette substance non psychotrope qui offre un débouché utile pour l’agriculture», rappelle le secrétaire national Julien Bayou. «Le gouvernement démontre sa méconnaissance absolue du sujet, prisonnier qu’il est de sa politique de répression inefficace et dangereuse contre le cannabis», assène Yannick Jadot. Le candidat du parti est favorable à une légalisation du cannabis en général. Il est d’ailleurs attendu samedi sur les terres de son ex-porte-parole Matthieu Orphelin, à Angers, pour visiter une entreprise spécialisée dans le cannabis thérapeutique.

Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas exprimé sur le sujet du CBD mais sa position sur le cannabis est connue. Déjà en faveur d’une légalisation de la plante lors de sa campagne présidentielle de 2017, il renouvelle ce souhait cette année : «Je suis un pragmatique dans ce domaine, on fait ce qui marche. La prohibition n’a rien donné», a-t-il dit sur BFMTV. Une proposition de loi visant à légaliser le cannabis a d’ailleurs été déposée par le député insoumis Eric Coquerel. Elle est portée par une alliance transpartisane rassemblant des députés insoumis, des écologistes et des marcheurs, et sera débattue le 13 janvier à l’Assemblée. Toutefois, compte tenu de la position du gouvernement, le texte a toutes les chances d’être rejeté.

A droite, c’est non. On ne distingue pas le CBD du THC – la molécule aux effets psychotropes – et on pointe un lien de cause à effet entre le cannabis, l’insécurité et la délinquance. «Il y a une imbrication des réseaux mafieux entre le trafic de drogue, le grand banditisme et le terrorisme», dénonçait Valérie Pécresse sur CNews le 25 avril. «Si on légalise le cannabis, on fait sauter l’interdit sur la drogue», pense-t-elle. Chez Marine Le Pen, la ligne est fixe : l’intransigeance. La candidate à la présidentielle avait d’ailleurs attaqué Gérald Darmanin en 2020, quand ce dernier avait mis en place une amende forfaitaire de 200 euros pour consommation de cannabis. «Le début de la dépénalisation», avait illico dénoncé la cheffe du Rassemblement national. Quant au polémiste d’extrême droite et candidat à la présidentielle, Eric Zemmour, il a étonné en déclarant en mai : «18 millions de Français ont déjà fumé du cannabis. La répression ne marche pas. Je me demande s’il ne faudrait pas envisager la légalisation organisée du cannabis. J’essaie de faire un raisonnement froid.»