Le risque n’est pas celui d’une alternance mais bien celui d’une bascule. Il convient donc de dramatiser l’enjeu. Dans une semaine nous pouvons changer d’ère politique. Nous risquons d’entrer dans une période inédite où les détenteurs du pouvoir ne sont pas des adeptes de la démocratie libérale, avec ses mécanismes d’équilibre, de contre-pouvoirs. Le Rassemblement national, parti frère du parti populiste autoritaire et liberticide de Viktor Orbán à la tête de la Hongrie, ne se présente pas avec un programme précis de suppression des libertés, mais sa pratique du pouvoir ne pourra qu’y conduire. Attention, ne nous trompons pas d’ennemi : ce n’est pas le fascisme qui vient mais l’un de ses descendants, l’un de ses avatars du XXIe siècle. C’est l’illibéralisme qui guette.
Impuissance
L’illibéralisme est sournois. Il arrive toujours auréolé d’une forte légitimité populaire après des élections victorieuses. Il est élu par la partie la plus populaire de la population. Il ne prétend pas succéder au libéralisme politique ou à la démocratie ouverte, mais affirme répondre à l’impuissance de celle-ci. Dès lors, il ne procède pas en appliquant un programme visible de destruction des libertés. Il y aboutit. Il constate, au bout de quelques mois, les «blocages», les «empêchements» du fait de la justice qui tente de faire respecter l’Etat de droit, de la presse qui révèle les manipulations de l’information et dénonce les opacités, des institutions faites pour contenir l’arbitraire de l’ex