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Libération
Au comptoir de Chez Pol

«C’est stupéfiant» : Retailleau découvre qui est vraiment Wauquiez

Indiscrétions piquantes, maladresses vaches ou douces confessions : chaque jour, retrouvez les brèves qui auscultent le monde politique.
Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, à Paris, en juillet 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 7 mai 2025 à 12h42

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Révélation

Il reste dix jours avant la fin de cette rude campagne interne à LR. C’est donc bientôt l’heure de voter et de faire le bilan, calmement. Car une telle aventure humaine™ vient forcément avec son lot d’enseignements sur soi-même, ses proches, ses adversaires et l’homme en général. Bruno Retailleau, de son côté, en est déjà à ce stade concernant Laurent Wauquiez. Et forcément, ce n’est pas reluisant. En privé et selon l’Express, le ministre de l’Intérieur qualifie ainsi le chef des députés LR de «génie pour se faire des ennemis» et ajoute, cassant comme jamais : «J’en ai tellement appris sur lui en quelques mois. C’est stupéfiant.» Des découvertes faites à 65 ans dont treize passés à l’UMP puis à LR. Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour apprendre.

Elle le soutient à mort

Rachida Dati le confirme, ce mercredi 7 mai sur France Inter : ayant renouvelé son adhésion à LR, la ministre de la Culture votera bien pour l’élection à la présidence du parti de droite. «Oui et alors ?» fait-elle mine de s’interroger lorsqu’on lui en parle. Et alors, se pose la question de qui aura son bulletin. Laurent Wauquiez, qui fait tout ces derniers temps pour obtenir l’appui de la maire du VIIe arrondissement de Paris, si important puisque la fédé LR de la capitale est la plus grosse de France ? Ou bien son collègue du gouvernement Bruno Retailleau ? Prise entre ses intérêts persos et partisans et la solidarité gouvernementale à laquelle elle est tenue, Dati se contorsionne pour ne pas répondre à la question : «C’est un vote interne, vous connaissez mon amitié avec Wauquiez depuis très longtemps, il m’a toujours soutenue, et je me suis toujours très bien entendue avec Retailleau.» Nous voilà bien avancés. Devant l’insistance des journalistes en cette fin d’interview, l’aspirante maire de Paris regarde l’horloge du studio : «Il reste combien de temps, là ? Vous disiez tout à l’heure que vous étiez pressés, qu’il y avait beaucoup de sujets… Next !» Et on n’aura pas la réponse. Dati ne soutient donc pas officiellement Wauquiez, qui se trouve bien peu récompensé de son activisme en faveur de la loi réformant le scrutin municipal à Paris, Lyon et Marseille, qu’il présente comme le meilleur moyen d’enfin faire gagner l’ennemie jurée d’Anne Hidalgo.

Bullshit juridico-historiques

On vous a déjà raconté ici les dérives de Wauquiez. Depuis quelques jours, l’énarque bullshiteur répète à l’envi qu’il veut que les parlementaires puissent «passer au-dessus de la jurisprudence du Conseil constitutionnel» et «inscrire dans la Constitution qu’un juge ne peut plus écarter une loi postérieure en s’appuyant sur un traité international». Autant déchirer la Constitution et acter la fin de l’état de droit, non ? Pas du tout, rassure Wauquiez sur CNews ce mercredi matin, arguant que le système actuel «n’est pas l’état de droit». «C’est une dérive dans laquelle l’idéologie de gauche essaye d’imposer sa vision au pays et de nous empêcher d’agir, poursuit le chef du cinquième groupe politique à l’Assemblée. L’état de droit, c’était celui du général de Gaulle. En France il y a un seul juge suprême, disait-il, c’est le peuple.» Outre le fait que cette citation a été reprise dernièrement par Le Pen & cie pour dénoncer l’inéligibilité de la boss d’extrême droite, notons qu’elle est totalement tronquée et que Wauquiez, comme Retailleau qui l’utilise aussi, ou le RN, lui font dire n’importe quoi. Sur France Inter en octobre, Patrick Cohen avait déjà levé ce lièvre. Lors d’une conférence de presse en octobre 1948, soit dix ans avant l’instauration de la Ve République, le Général avait déclaré : «Je crois qu’en France, la meilleure cour suprême c’est le peuple, et que lorsqu’il y a divergence entre exécutif et législatif, ou bien lorsque le pouvoir législatif ne parvient pas à dégager une majorité […], le meilleur arbitre est alors le peuple. […] Et je suis convaincu qu’une des faiblesses de la IIIe République […], c’est que le droit de dissolution n’existait pas.» De Gaulle prônait donc la dissolution, pas le n’importe quoi juridique.

Au courant alternatif

Pas facile d’être porte-parole d’un gouvernement dirigé par Bayrou, réputé pour son côté bordélique et pas encombré par un dir com officiel pour orchestrer tout ça. L’actuelle voix du gouvernement en fait les frais. L’ex-sénatrice LR Sophie Primas s’est confiée à ses anciens camarades du palais du Luxembourg, comme le rapporte le Canard enchaîné. «C’est terrible. A 17 heures le mardi, à la veille du Conseil des ministres, je ne suis jamais avertie de rien», s’est-elle indignée, avant de dérouler son courroux : «Je n’ai pas été briefée. Il n’y a pas eu de réunions ou d’appels en amont, et je découvre bien tard les sujets du lendemain. Bayrou ne me dit rien, alors qu’il faut que je me prépare à commenter les décisions du gouvernement et certaines perspectives…» Pas étonnant donc qu’elle patauge dans la semoule. Car Primas ne bénéficie pas, contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, d’un cadre de travail bien défini avec le Premier ministre. L’Opinion racontait déjà que pour préparer ce compte rendu hebdo du Conseil des ministres, «son entretien avec Bayrou se promène entre le lundi et le mercredi matin» et dure «moins d’une heure». Quand entretien il y a.