La résistible ascension du jeune général de division Napoléon Bonaparte aurait pu s’arrêter là ! En ce jour du 18 brumaire de l’an VIII de la révolution, le 9 novembre 1799. Il s’en est fallu de pas grand-chose pour que ce coup d’Etat qui n’osait pas dire son nom tourne au désastre. Les civils devaient prendre le pouvoir. En fait ce fut la force des baïonnettes qui l’emportât. Et Bonaparte devint premier consul.
Le Directoire, instauré le 26 octobre 1795, le 4 brumaire de l’an IV, se révèle un régime instable malgré ses deux hommes forts, Sieyès et Barras. Les tentatives de coup d’Etat se multiplient. Sans succès. Les remugles de la révolution agitent encore les esprits. Les jacobins tiennent leurs positions tandis que les royalistes n’ont pas renoncé au trône de France.
Face à toutes ces intrigues, Bonaparte a su prendre du champ. Auréolé de ses succès lors de la première campagne d’Italie et de sa victoire à Lodi le 10 mai 1796 qui lui donne route ouverte vers Milan, le Corse se sait désormais incontournable. «Après Lodi, je me regardai non plus comme un simple général mais comme un homme appelé à influer sur le sort d’un peuple. Il me vint l’idée que je pourrais bien devenir un acteur décisif sur notre scène politique. Alors naquit la première étincelle de la haute ambition», confiera plus tard le futur empereur.