Menu
Libération
Témoignages

«C’était un rituel assez masculin» : de Giscard à Hollande, les présidents passent à table

Article réservé aux abonnés
Nicolas Sarkozy à la reconquête de l'UMPdossier
De François Mitterrand à François Hollande, quatre témoins racontent l’usage politique des repas par les chefs de l’Etat.
Jacques Chirac fête l'arrivée du beaujolais nouveau le 16 novembre 1983 à l'Hôtel de ville de Paris (Georges Bendrihem/AFP)
publié le 29 décembre 2022 à 4h16

A l’image d’Emmanuel Macron, les présidents de la République ont souvent fait de leur table à manger un outil de pouvoir et de communication. Quatre témoins, anciens collaborateurs présidentiels, ministre ou journaliste ont confié leurs souvenirs à Libération.

Catherine Nay, journaliste politique

«Autour d’huîtres chaudes, Chirac annonce à la tablée qu’il va prendre la tête de l’UDR»

«Valéry Giscard d’Estaing, président, et Jacques Chirac, son Premier ministre, ne déjeunaient que très rarement en tête à tête. Il y avait toujours Michel Poniatowski entre eux. Certains s’amusaient à parler de “ménage à trois”. Giscard avait probablement en mémoire un dîner très politique où le second avait réalisé un coup de force contre lui, en décembre 1974. Depuis son arrivée à Matignon, Chirac ne trouvait pas sa place dans le dispositif de Giscard. Qui lui, voulait mettre l’UDR gaulliste à sa main. Avant de s’envoler pour les Antilles où il doit rencontrer le président américain Gerald Ford, Giscard demande donc à Chirac de prendre une initiative pour l’UDR. Chirac n’attendait que ça. Il se rend au dîner des barons de l’UDR qui se tient dans les appartements du président du Conseil constitutionnel, au Palais royal. Autour d’huîtres chaudes fourrées aux épinards et d’un civet de marcassin, Chirac annonce à la tablée (Debré, Messmer, Couve de Murville…) qu’il va prendre la tête du parti. “Ponia” lui demande s’il a prévenu le président. Réponse de l’intéressé : “Oh tu sais c’est compliqué la liaison avec les Antilles…” Aucun des convives ne le prend au sérieux. Sauf qu’un autre dîner, plus tardif