Englué depuis trois mois dans une sordide affaire de chantage à la sextape, Gaël Perdriau a annoncé ce jeudi qu’il se mettait en «retrait total» de ses fonctions de président de la métropole de Saint-Etienne, en réponse à de nouveaux appels à la démission. «J’entends le besoin de certains de me voir prendre du recul… C’est la raison pour laquelle je prends la décision de me mettre en retrait total de la métropole», a dit l’ex-LR, avant de quitter la séance du conseil métropoltain.
Perte de «toute forme de légitimité»
Après les révélations de Mediapart, l’élu de droite de 50 ans s’est retrouvé catapulté au cœur d’une enquête judiciaire sur le tournage et l’usage d’une vidéo à caractère sexuel dans laquelle on peut voir son ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d’hôtel, fin 2014. Plusieurs élus l’avaient appelé à démissionner ou à clarifier la situation, en amont du conseil métropolitain organisé ce jeudi.
Récit
Lors de ce conseil, un demi-douzaine d’élus ont présenté à l’ouverture des débats un «vœu pour imposer que la morale et l’éthique des conseillers métropolitains soient respectées». «Le contexte judiciaire pèse lourdement sur notre Métropole», surtout depuis que «nous avons assisté avec stupeur à une tentative inédite de censure de presse», dit le texte lu en séance, appelant à un vote sur sa démission. «Monsieur Perdriau a perdu toute forme de légitimité d’exercer un mandat, le maintenir dans ses fonctions serait une insulte (...) S’il lui reste un soupçon de dignité il doit quitter ses mandats dans les meilleurs délais, c’est le dernier service qu’il doit rendre aux habitants avant de répondre à la justice», poursuit le vœu.
«Terriblement blessé»
Dans un entretien au quotidien régional le Progrès publié mercredi soir, Gaël Perdriau ans affirmait qu’il espérait convaincre l’assemblée de «faire confiance à la justice» : «le conseil métropolitain n’est pas un tribunal, les conseillers ne sont pas des juges, rien n’a changé depuis le dernier conseil métropolitain» fin septembre. Au cours de la même interview, Gaël Perdriau s’est dit «terriblement blessé» et victime d’un «acharnement» politique derrière lequel il voit la main de Laurent Wauquiez, Président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Le maire de Saint-Etienne et président de la Métropole, élu en 2014 et réélu en 2020 a été nommément accusé par son ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues avant d’être placé en garde à vue mi-septembre. Cité dans des enregistrements audio accablants, il a toujours clamé son innocence.
Jeudi, il a à nouveau dénoncé un «pilonnage médiatique» basé sur des «enregistrements illégaux» tout en soulignant la «politique hostile» que Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, mène selon lui vis-à-vis de la mairie et de la Métropole. L’affaire l’a déjà poussé à limoger son directeur de cabinet puis à renoncer à ses fonctions représentatives à la ville et à la Métropole, tandis qu’un de ses adjoints municipaux accusé d’avoir tourné les images compromettantes démissionnait. Son exclusion de LR a été prononcée sans même attendre d’éventuelles suites judiciaires.