Des cris, des huées et beaucoup de sifflets. Jeudi midi, une centaine d’agents municipaux a envahi la mairie de Saint-Etienne, chasuble jaune fluo sur le dos et drapeaux rouges de la CGT à la main, bien décidés à rencontrer le maire, Gaël Perdriau, pour, selon leurs propres mots, lui «demander des explications». Son «autoritarisme» et le «contexte délétère» figuraient aussi en haut de la pile des revendications. La veille, quelque 200 personnes s’étaient rassemblées sur le parvis de l’hôtel de ville avec, sur toutes les lèvres, la demande de sa «démission».
Une centaine d’agents de la ville ont forcé l’entrée de l’Hôtel de ville de #Saintetienne. Ils veulent rencontrer Gaël #Perdriau pour avoir des explications. pic.twitter.com/S7vDFxS5yg
— TL7 (@tl7loire) September 15, 2022
L’ancien député Génération. s de la Loire, Régis Juanico, tonne : «Le maire est totalement disqualifié et n’a plus de légitimité à représenter les Stéphanois. L’indécence doit cesser». Les appels, qui se multiplient en ce sens, émanent autant de l’opposition que d’élus de son propre camp. Indéboulonnable, le maire s’accroche pourtant à son fauteuil. Il exprime ce jeudi sa «détermination» à rester et balaye le scandale qui ternit son image et celle de sa ville. «En termes judiciaires, aucune raison ne lui impose de se mettre en retrait. Je dirais même que le principe de présomption d’innocence justifie qu’il reste en place», avance son avocat, Me Christophe Ingrain.
«Serein face à la suite des événements»
Depuis une dizaine de jours, l’élu LR est sous le feu des critiques pour avoir menacé de diffuser «avec parcimonie» et dans «de petits cercles» la vidéo à caractère sexuelle de son premier adjoint Gilles Artigues, tournée à l’insu de ce dernier en 2014 dans une chambre d’hôtel. Des faits qu’il continue de nier, en dépit d’une défense changeante. Après avoir assuré n’être au courant de rien, Gaël Perdriau a dû admettre qu’il avait eu vent d’une «rumeur». Mardi, le maire de la treizième ville de France était auditionné dans les locaux de la police judiciaire de Lyon. Selon son avocat, il serait sorti «libre» de ces «trois heures trente de garde à vue». «Aucune mesure» n’aurait été prise «par la justice à son encontre».
Exclu des Républicains en début de semaine, le président de la métropole stéphanoise s’est mis à dos beaucoup de ses collègues dont Bruno Retailleau, Eric Ciotti ou Rachida Dati. Laquelle n’a pas hésité à dénoncer des «méthodes de nature criminelle qui doivent être dénoncées publiquement». Dans l’entourage du principal intéressé, on dézingue des propos «navrants».
Pierre Gautierri, directeur du cabinet du maire et directement mis en cause dans l’article de Mediapart pour avoir expliqué «fonctionner exactement comme un criminel» et n’être «sans foi ni loi», se dit lui «serein par rapport à la suite des événements». Dans un entretien à TL7, il affirme : «Ni le maire ni moi-même ne sommes les commanditaires de cette vidéo». S’il ne «nie pas la véracité du document de Mediapart» - «on reconnaît facilement ma voix»-, Gautierri présente, dans les colonnes du Progrès ce jeudi, ses excuses. «Ces propos sont indignes d’un directeur de cabinet», convient-il.