Chantal Mouffe est philosophe, théoricienne de la «démocratie agonistique». Soit l’idée selon laquelle le conflit est constitutif de la politique. Il y a forcément un «eux» et un «nous». Ce «nous», la gauche doit, selon elle, le construire en adoptant une stratégie «populiste». Une idée qui a inspiré Jean-Luc Mélenchon. Alors que la crise sanitaire risque selon elle de donner du «répit» au néolibéralisme, elle considère que la gauche doit assumer un projet radical et écolo.
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Avez-vous le sentiment qu’il y a une demande croissante de radicalité, dans le sens d’une demande de rupture ?
Il y a, certes, une demande de changement mais elle peut prendre des formes différentes. En 2008, nous avons vécu une crise profonde. Beaucoup de gens disaient que c’était la crise finale du capitalisme. Finalement, on est revenus au business as usual. C’était encore l’époque de la troisième voie. Mais ça a ouvert une première brèche dans l’hégémonie néolibérale. On a vu s’exprimer une demande de radicalité, ou en tout cas un mouvement de résistance très fort, avec des mouvements comme les Indignés en Espagne ou Occupy Wall Street aux Etats-Unis. Désormais, la crise du néolibéralisme est vraiment manifeste mais je crois que la pandémie a changé la conjoncture.
Dans quel sens ?
L’époque que nous vivons appelle à des mesures radicales mais je ne suis pas sûre qu’il y ait un vrai désir de radicalité. Je n’aurais pas dit la même chose il y a un an, mais av