Certains prédisaient que le nouveau Premier ministre serait Xavier Bertrand, d’autres misaient sur une nomination de Bernard Cazeneuve. Ce pourrait finalement n’être aucun des deux. Depuis plusieurs heures ce lundi 2 septembre, un autre nom s’est invité dans la course pour Matignon : celui de Thierry Beaudet. Deux mois après les législatives anticipées, Emmanuel Macron pourrait désigner le président du Conseil économique et social (Cese) à Matignon dans la soirée. D’après l’Obs, le Président a pris contact avec Beaudet vendredi dernier. Depuis, les deux hommes n’ont pas cessé d’échanger et se seraient même vu physiquement à deux reprises. C’est dimanche soir que le sexagénaire aurait, toujours selon l’hebdomadaire, donné son accord pour être nommé Premier ministre au locataire de l’Elysée. A condition toutefois de «pouvoir donner un coup de barre à gauche», précise un de ses proches.
Selon nos informations, plusieurs hauts fonctionnaires ont été approchés pour intégrer son futur cabinet. L’Elysée lui aurait déjà, d’après Le Monde, trouvé un directeur de cabinet en la personne de Bertrand Gaume, préfet du Nord et des Hauts-de-France. Si cette nouvelle hypothèse pour Matignon venait à se confirmer, c’est que le chef de l’Etat, après des semaines de tergiversations, choisirait finalement un profil plus technique que politique. Mais un homme gravitant dans les réseaux de la social-démocratie française. Dans l’espoir, sans doute, que son CV estampillé «société civile» ne provoque pas de censure immédiate à l’Assemblée nationale, participe à la «stabilité institutionnelle» voulue par le chef de l’Etat et évite le retour de la hollandie au pouvoir comme avec Bernard Cazeneuve.
Une carrière dans les mutuelles
Inconnu du grand public, Thierry Beaudet est un ancien instituteur qui a évolué dans le secteur de la mutualité. En 2009, il devient président de la Mutuelle générale de l’Education nationale (MGEN) après avoir été directeur adjoint de la section locale du Calvados. En 2016, il rebondit à la tête de la Fédération nationale de la mutualité française, poste qu’il occupe jusqu’en 2021. Cette année-là, le natif de Domfront (Orne) est élu président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). «Nous devons défendre et incarner le principe d’une démocratie mixte et continue qui va au-delà du parlementarisme et qui mêle davantage les décisions des élus et les avis des acteurs de la société», affirmait-il au moment de son élection.
A la fin du mois de juin, Thierry Beaudet avait estimé dans la Tribune, que la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron «[plongeait] la France dans une crise politique et démocratique sans précédent.» «Je n’ai pas compris cette décision», insistait-il, expliquant qu’en «trois semaines, aucune formation politique ne peut écouter les souffrances et les aspirations citoyennes, en déduire un projet solide, le confronter à ceux de ses rivaux, le verser dans le débat public, composer une liste de 577 candidats sérieux et préparés.»
Si elle n’en est encore, ce lundi 2 septembre en début de soirée, qu’au stade de l’hypothèse, l’éventualité d’une nomination de Thierry Beaudet à Matignon a déjà fait réagir. «Le NFP soutiendra un candidat en mesure de changer la politique conduite dans ce pays», a fait savoir ce lundi Lucie Castets, la candidate de l’alliance de gauche pour Matignon, en parallèle d’un déplacement en Seine-Saint-Denis avec les syndicats de l’éducation. «Ce qui me semble important, c’est d’avoir un mandat, le mandat du Nouveau front populaire qui est arrivé en tête aux élections», a-t-elle aussi ajouté au sujet de l’éventuelle nomination de Thierry Beaudet. De son côté, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, soutien de Bernard Cazeneuve, a jugé cette possibilité «surprenante» : «C’est un homme de qualité, mais il n’a aucune expérience, n’a jamais gouverné, jamais travaillé au rassemblement des forces politiques.»