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Chute de Bachar al-Assad : sur France Inter, Laurent Jacobelli minimise la proximité entre le RN et l’ancien régime syrien

Invité de la station publique samedi 4 janvier, le vice-président du groupe d’extrême droite à l’Assemblée était interrogé sur les visites menées par des élus RN lors du règne du dictateur.
Laurent Jacobelli, le 2 décembre 2024 à l'Assemblée nationale. (Denis Allard/Libération)
publié le 4 janvier 2025 à 12h06

L’année est nouvelle mais les éléments de langage et les mensonges restent les mêmes. Jamais au grand jamais le Rassemblement national n’a soutenu Bachar Al-Assad, continuent de marteler les cadres du parti d’extrême droite largement interrogés sur le sujet depuis la chute du «Boucher de Damas» le 8 décembre dernier. Invité de France Inter ce samedi 4 janvier, le vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale Laurent Jacobelli n’a pas fait exception, questionné sur les déplacements à Damas de sept personnalités du parti ou proche du parti ces dernières années. «Le message c’est quoi ? “La Syrie c’était mieux avant ?”» interroge la journaliste. «Il y a eu plusieurs dizaines de parlementaires et de personnalités politiques françaises, entre 30 et 40 je crois. Parmi ces 30 et 40 il y en a eu 7 du Rassemblement national, répond l’élu de Moselle. […] Tous les partis politiques y sont allés parce qu’à une époque comme dans beaucoup de pays, les parlementaires se déplacent dans le cadre de missions. Ce n’était pas du tout un soutien.»

Pour se défendre de tout compagnonnage entre son parti et Assad, Jacobelli tente même un autre argument surprenant. L’ancien proche de Nicolas Dupont-Aignan rappelle que Thierry Mariani, qui n’a jamais caché sa proximité avec Vladimir Poutine ou le dictateur déchu de Syrie, n’était pas encore membre du parti lepéniste quand il se rendait à Damas. «[Il] était lui-même LR quand il y est allé», souffle-t-il sur France Inter ce samedi. Omettant visiblement que l’ancien sarkozyste s’était déplacé dans la capitale syrienne en août 2021 en sa qualité d’eurodéputé RN. Les nombreux voyages en Syrie de Mariani n’étaient d’ailleurs pas un problème pour le parti d’extrême droite en 2019 quand l’ex-leader de la «Droite populaire» au sein de l’UMP annonçait son ralliement pendant la campagne des européennes. Plutôt que d’afficher une gêne vis-à-vis du passé de l’ex-député du Vaucluse, les cadres ont tous accueilli à bras ouverts ce politique décrit aujourd’hui par le collectif Syrie Factuel comme un «tour-opérateur» du pays.

Défense du régime syrien

Depuis la chute de Bachar al-Assad, les élus du Rassemblement national ont bien du mal à faire oublier ses prises de position passées vis-à-vis du Président déchu. Marine Le Pen a longtemps défendu le régime syrien et son allié russe. En 2017, après son entrevue avec Poutine à Moscou, elle avait ainsi loué l’intervention de la Russie en Syrie «qui [avait] porté un sérieux coup au fondamentalisme». En 2015, sur LCP, elle rechignait à qualifier Assad de «barbare» et mettait en doute les centaines de milliers de morts avancés par l’Observatoire syrien des droits de l’homme ou les attaques au gaz. Après l’exil de l’autocrate en Russie, Mariani n’a pas manqué de s’attaquer à ceux qui y voyaient une bonne nouvelle. «Les inconscients et les naïfs finissent toujours par devenir les alliés inconscients des islamistes et du chaos», a-t-il ainsi écrit sur X. Le président du RN Jordan Bardella, a, lui, estimé sur France 3 que la chute du président syrien était une «catastrophe» puisqu’il est «possible» que la France paye «les conséquences de cette prise de pouvoir des fondamentalistes islamistes par des flux migratoires importants».

«Aujourd’hui il faut être pragmatique. Il faut bien évidemment espérer une transition démocratique pour la Syrie avec le droit des femmes», explique Laurent Jacobelli qui tient à rappeler que «le nouveau dirigeant [du pays] est un ancien djihadiste islamiste de Daech». «Soyons prudents, pas naïfs, insiste-t-il, alors que HTS, la formation qui a pris la tête du mouvement de renversement d’Assad, a affirmé avoir rompu avec le jihadisme. Nos ministres des Affaires étrangères depuis un certain temps ont la maladie de la naïveté qui fait qu’en général ils se laissent embobiner.»