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Dissidence

Outre-mer : Sébastien Lecornu «a donné des gages» dans un courrier aux députés socialistes ultramarins

Pour tenter de les dissuader de vote la censure ce jeudi 16 octobre, le Premier ministre a promis aux cinq élus PS de La Réunion, de Martinique et de Guadeloupe qu’ils seront reçus «dans les prochains jours» par les ministres concernés. En vain, pour quatre d’entre eux.

Elie Califer à l'Assemblée nationale le 8 Avril 2025. (Arthur N. Orchard/Hans Lucas via AFP)
ParJulien Lecot
Reporter au service Actu
Publié le 15/10/2025 à 22h00, mis à jour le 16/10/2025 à 12h59

A la veille de l’examen des motions de censure visant le gouvernement Sébastien Lecornu - rejetées ce jeudi 16 octobre -, les quatre députés socialistes avaient annoncé la couleur : dans le projet de budget 2026, «les Outre-mer sont appelés à payer solidairement et disproportionnellement la note de la mauvaise gestion des finances à l’échelle nationale», dénonçaient mardi dans un communiqué commun Elie Califer et Christian Baptiste élus en Guadeloupe, Jiovanny William et Béatrice Bellay en Martinique, ainsi que Philippe Naillet à La Réunion. De quoi les inciter à voter la censure «d’un gouvernement qui réaffirme de manière ostensible son désamour à l’égard des territoires d’Outre-mer et de leurs populations.

A la merci du vote des députés PS pour sauver son poste, le Premier ministre a donc tenté de leur donner des gages. A l’issue d’échanges qui ont eu lieu «jusque tard dans la nuit» avec la ministre des Outre-mer et Matignon, Elie Califer s’est finalement ravisé, explique-t-il ce jeudi à Libération. Un courrier, envoyé aux cinq élus par Sébastien Lecornu dans la nuit, a fini de le convaincre. Dans la lettre, le chef du gouvernement ministre explique avoir dû concocter un budget en «urgence» et assure qu’il est amendable.

Dans cette optique, le locataire de Matignon promet que ces députés seront reçus «dans les prochains jours» par la nouvelle ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, et la ministre reconduite de l’Action et des comptes publics, Amélie de Montchalin, pour discuter des coupes qu’ils dénoncent - d’un montant total de 750 millions d’euros - dans deux dispositifs : la Lodeom, qui permet des exonérations de charges sociales spécifiques aux Outre-mer, et la défiscalisation de certains investissements.

«Il fallait qu’on nous donne des gages, ce courrier semble nous en donner. J’attends désormais de voir si cela se traduira bien dans le budget», affirme Elie Califer, n’excluant pas de censurer le gouvernement plus tard si ce n’est pas le cas.

Quatre des députés appuient sur le bouton rouge

En revanche, Sébastien Lecornu n’a pas réussi à convaincre les quatre autres députés d’outre-mer. Jiovanny William, Béatrice Bellay, Philippe Naillet et Christian Baptiste sont allés contre la consigne du groupe socialiste et ont voté la censure. Ils ont été rejoints par trois autres députés du parti à la rose : Peio Dufau, élu dans les Pyrénées-Atlantiques, Fatiha Keloua Hachi, élue en Seine-Saint-Denis, et Paul Christophle, élu dans la Drôme.

Au total, 271 membres de la chambre basse ont voté pour la motion déposée par LFI, celle qui avait le plus de chances d’être adoptée. Un nombre insuffisant pour atteindre les 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement.

Mise à jour ce jeudi 16 octobre à 12 h 59, avec l’ajout des déclarations d’Elie Califer et le résultat des votes des motions de censure.