Une semaine passée derrière les barreaux aura suffi à Claude Guéant pour qu’il paye sa dette aux finances publiques. Incarcéré lundi après avoir tardé à rembourser des dommages et intérêts dans l’affaire dites des «primes en liquide», pour laquelle il a été définitivement condamné pour «détournement de fonds», l’ancien secrétaire général de l’Elysée a payé dès jeudi les 292 000 euros qu’il devait au Trésor public.
L’ex-bras droit de Nicolas Sarkozy, 76 ans, avait été condamné en 2017 à deux ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire des primes en liquide du ministère de l’Intérieur. A l’époque où il occupait des postes prestigieux place Beauvau, quand Sarkozy était ministre de l’Intérieur, Guéant avait pris l’habitude d’arrondir ses fins de mois avec du cash, ponctionné sur le budget des frais d’enquête et de surveillance (FES), théoriquement dédié au paiement en liquide des missions sensibles des enquêteurs, en toute discrétion. Des virements à hauteur de 5 000 euros mensuels, via de grosses coupures. «Pratique faisant partie des usages», avait tenté de se justifier Claude Guéant à la barre du tribunal. Délit de détournement de fonds publics avait tranché la justice : en janvier 2019, la Cour de cassation avait définitivement validé sa condamnation.
«Régler davantage» et «plus tôt»
Jeudi, l’ancien haut fonctionnaire a donc payé 133 315,95 euros «pour placer sa dette à zéro», selon son avocat. Il s’est également acquitté d’une dette d’un des co-condamnés de l’affaire, qui n’avait pas payé toute sa part : «il s’agit d’une dette solidaire donc due à 100 % par chaque condamné», a précisé son avocat. Un remboursement rendu possible grâce à des prêts consentis par des proches de l’ancien numéro deux de l’Elysée, toujours selon son avocat. Dans la foulée, l’ancien patron de la police nationale a fait une demande d’aménagement de peine visant à sa libération. «Ce paiement complet permet de justifier une sortie immédiate de prison», justifie son avocat.
Dans le cadre de l’affaire des primes en liquide, Claude Guéant purgeait sa peine sous le régime de la liberté conditionnelle. Mais début novembre, au cours d’une autre affaire dans laquelle l’ancien ministre de l’Intérieur était visé, celle des «sondages de l’Elysée», la justice s’est plongée sur le patrimoine financier du haut fonctionnaire. Et a découvert que des «sources de revenus complémentaires» auraient pu «permettre de régler davantage» et surtout «plus tôt» les sommes dont devait s’acquitter Claude Guéant. Une enquête judiciaire a notamment révélé que le fidèle sarkozyste avait vendu de l’or, une montre, et qu’il avait récupéré des fonds de son assurance vie.
C’est dans le cadre de ce dossier que la justice a décidé de «révoquer» son sursis, conduisant à son emprisonnement, lundi. Un symbole fort, dans ces affaires politico-financières, où la norme veut que les condamnés purgent le plus souvent leur peine sous bracelet électronique…