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Interview

Clémentine Autain : «Le moment est venu d’initier une grande marche pour la justice»

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Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
Pour la députée insoumise de Seine-Saint-Denis, le retour au calme ne peut passer que par des décisions politiques sur la doctrine de maintien de l’ordre et le social. Elle appelle la gauche à prendre exemple sur la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 et à «enclencher un mouvement au long cours».
La député Clémentine Autain (La France insoumise), le 16 février 2023 à Bobigny. (Geoffroy Van der Hasselt/AFP)
publié le 3 juillet 2023 à 21h07

Il y a dix-huit ans, Clémentine Autain était à la marche demandant «vérité et justice» pour Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés dans un transformateur après une course-poursuite avec la police. Depuis, selon la députée de Seine-Saint-Denis, la situation dans les quartiers populaires s’est aggravée. Alors que les insoumis sont critiqués pour ne pas avoir assez clairement appelé au calme, elle explique souhaiter l’apaisement mais considère que cela n’arrivera pas si le gouvernement se cantonne à une réponse sécuritaire.

Presque une semaine après la mort de Nahel, vous commencez à entrevoir une sortie de crise ?

Comme l’écrasante majorité de la population, je souhaite l’apaisement. Mais quand j’entends Macron et le gouvernement, le pire est possible. Si l’enjeu, c’est la fin des émeutes, cela peut arriver vite, oui. Mais si on veut apaiser la situation pour que cela ne se reproduise pas, il faut agir sur le fond. L’appel au calme ne doit pas masquer les divergences de réponses politiques. Nous ne voulons pas le retour à la normale, car ce qui est anormal c’est précisément la situation normale. Or pour l’instant, la surenchère sécuritaire et le renvoi à la responsabilité individuelle dominent. Cette voie est une dangereuse impasse.

Pour vous, il faut une réforme de la police ?

C’est l’urgence. Les donneurs d’ordre sont en cause. La police a été encouragée dans une logique d’engrenage et non de désescalade de la violence. Il faut commencer par abolir la loi