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Tractations

Colère des agriculteurs : coincée entre le gouvernement et le RN, la droite veut se faire entendre

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Les députés Les Républicains ont présenté mercredi une soixantaine de mesures pour faire de l’agriculture une «priorité nationale». Et surtout tenter de récupérer un sujet qui leur échappe.
Eric Ciotti et les députés LR, à l'Assemblée nationale le 23 janvier. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 1er février 2024 à 8h05

«Ton Ciotti…» Ces derniers jours, quand ils se rendent sur des barrages tenus par les agriculteurs, les députés Les Républicains (LR) doivent faire le service après-vente des annonces de leur patron, Eric Ciotti. A les entendre, la tâche est pénible. L’élu des Alpes-Maritimes a proposé ce week-end un «dispositif d’accompagnement financier» pour les paysans, afin qu’aucun d’entre eux ne gagne «moins de 1 500 euros net par mois». Comment serait-il financé ? Simple, a développé le Niçois mardi sur France 2, il suffirait de taper dans les «2 milliards» d’euros consacrés à l’Aide médicale d’Etat (AME) réservée aux sans-papiers – et que LR rêve de supprimer. Une obsession migratoire à tous les étages, relève-t-on dans les rangs de la droite, un poil lassé.

«C’est une énorme connerie, râle un député LR, élu dans une circonscription rurale d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ça fait le lit du Rassemblement national…» Au Sénat, lors de la réunion hebdomadaire du groupe mardi, le sénateur de la Haute-Loire Laurent Duplomb, «monsieur agriculture» de l’équipe, en a remis une couche dans la critique. Un conseiller parlementaire dissèque : «Les agriculteurs votent pour nous parce qu’on parle du travail. Pas de subventions. C’est là où Ciotti a fait une énorme erreur.» Au palais du Luxembourg comme à l’Assemblée, les troupes LR préfèrent plancher sur le fond. «La crise agricole, c’est une lame de fond que nous avons sentie arriver depuis des mois»