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Libération
Le billet de Thomas Legrand

Collabos, fachos ou «bien-pensants» : halte au feu des anathèmes

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Qu’il s’agisse de Sophia Chikirou comparant Fabien Roussel à Jacques Doriot ou d’une secrétaire d’Etat clamant sa détestation de «la gauche bien-pensante», les imprécations politiques de ce type ne font qu’appauvrir le débat public.
La secrétaire d'Etat chargée de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, a récemment affirmé «mépriser la gauche bien-pensante». (Karim Daher/Hans Lucas)
publié le 25 septembre 2023 à 8h21

La connaissance de l’histoire est essentielle à la qualité du débat politique. La référence à une lignée idéologique et l’inscription de son action dans les pas de grands leaders du passé renseignent les citoyens sur les projets proposés. La désaffiliation de beaucoup de Français, par méconnaissance ou indifférence de l’histoire politique, la grande relativisation, «l’aquoibonisme» civique dû à l’impression grandissante que ce ne sont plus les gouvernants qui ont la main sur les cours des choses, rend plus utile que jamais la référence instruite au passé, la connaissance des processus qui ont conduit aux grandes avancées ou aux grands désastres.

La référence historique en politique devrait nourrir le contenu du discours, être un élément de comparaison, d’identification ou de différentiation. Et dans ce champ de références positives ou négatives qu’est l’histoire, la Seconde Guerre mondiale est l’élément le plus explicite. Quelle est l’attitude résistante, quelle est l’attitude collabo ? C’est le marqueur suprême.

Euphémisation de l’extrême droite

Ce référent obsédant, au moins pour les générations dont les parents et grands-parents ont vécu l’Occupation, devrait être, d’abord un référent personnel, presque intime. Mais il devient un anathème. Comparer Fabien Roussel à Jacques Doriot (ancien communiste, devenu fasciste, p