Le débat public charrie régulièrement des concepts qui durent quelques mois, parfois quelques années, caractérisés par des mots que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, dans les articles de presse, les commentaires de ces mêmes articles, dans les propos des invités des chaînes d’infos… Ça devient des tics du langage médiatique, des concepts valises sans autres conséquences que d’appauvrir et uniformiser les termes du débat général. Parfois ce concept – ou ce mot – n’est pas neutre et trimbale une idée, une vision du monde qui, insidieusement, fait son chemin. En politique, les mots sont des véhicules dont la cargaison peut être plus ou moins toxique ou inflammable.
Il est un mot à la mode, mis à toutes les sauces en ce moment : «narratif». Le narratif recouvre une vision de l’enchaînement des événements, sur un sujet donné, un ensemble d’explications cohérent, partagé par le pouvoir et les principaux observateurs. On parle du narratif du gouvernement s’agissant de la réforme des retraites versus le narratif des syndicats, du narratif de la FNSEA opposé au narratif des Soulèvements de la Terre sur les mégabassines de Sainte-Soline