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Cramer la caisse

Comptes de campagne à la présidentielle 2022: quel candidat a été le plus dépensier

Election Présidentielle 2022dossier
Les comptes de campagne définitifs des candidats à l’élection présidentielle ont été publiés ce mardi. Malgré sa campagne éclair, Emmanuel Macron est en tête des dépenses, avec près de 16,7 millions d’euros engagés. Suivent Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
Le 24 avril au Champ-de-Mars. (Ludovic Marin/AFP)
par Timothée Barnaud
publié le 19 juillet 2022 à 21h29

Près de trois mois après le second tour de l’élection présidentielle, on connaît désormais le gros des dépenses des 12 candidats qui ont fait campagne. Et, comme en 2017, le plus dépensier a été Emmanuel Macron, avec près de 16,7 millions d’euros engagés, selon la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) qui a rendu public les montants déclarés via le Journal officiel. Le budget du chef de l’Etat est quasi identique à celui d’il y a cinq ans alors qu’il n’était pas sortant. Mais pour une campagne nettement plus courte.

Suivent ensuite Valérie Pécresse (14,3 millions), Jean-Luc Mélenchon (13,7 millions), Marine Le Pen (11,5 millions), Eric Zemmour (11 millions), Yannick Jadot (5,2 millions) et enfin Anne Hidalgo (3,7 millions). Sans surprise, en queue de liste, on retrouve les plus petits candidats : Nathalie Arthaud (plus de 890 000 euros), Nicolas Dupont-Aignan (plus de 870 000 euros), Philippe Poutou (un peu moins de 820 000) et enfin Jean Lassalle (plus de 813 000 euros). Ces comptes pourraient également être amenés à évoluer, la CNCCFP précisant bien qu’il ne s’agit que des comptes des candidats «tels que déposés par eux», et qu’elle «a commencé dès à présent son instruction».

Meetings et réunions publiques

Mais en attendant la validation de ces comptes, le détail de certaines dépenses affichées permet d’en apprendre sur les campagnes des différents candidats. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, se distingue par ses dépenses très importantes dans les réunions publiques, avec plus de 7,8 millions d’euros engagés. La technologie, avec son premier meeting «immersif» à Nantes et les hologrammes, ça coûte forcément cher. Il est le candidat qui a le plus dépensé dans ce domaine, d’assez loin : à la veille du premier tour, La France insoumise revendiquait même en avoir organisé «plus de 300», avec son candidat mais aussi sans lui, que ce soit en métropole et dans les outre-mer.

A l’extrême droite, la différence de stratégie entre Marine Le Pen et Eric Zemmour se retrouve aussi dans leurs comptes de campagne. L’ancien polémiste avait surtout misé sur des meetings de grande ampleur et des événements médiatiques importants, avec plus de 4,6 millions dépensés en réunions publiques. A l’inverse, la candidate du Rassemblement national a dépensé moitié moins en meeting, mais plus d’un million d’euros dans la tournée de ses quinze bus «Marine Présidente», qui ont sillonné la France durant toute la campagne.

Jadot et Pécresse en difficulté financière

Yannick Jadot, lui, avait provisionné plus de 7,9 millions d’euros de recettes pour cette campagne. Mais le candidat d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) a stoppé ses dépenses à 5,2 millions. Un solde positif de plus de 2,7 millions, étonnant quand tous les autres ont dépensé leur budget. Alors que l’écologiste n’a pas atteint le seuil des 5%, permettant le remboursement total de ses frais, difficile de ne pas y voir un ralentissement des dépenses pour anticiper cet échec et ne pas laisser trop de dettes. «Il n’y a eu aucun arbitrage financier sur les dépenses de campagne, conteste Mounir Satouri, ex-directeur de campagne de Jadot. Il y a eu des arbitrages politiques, mais qui n’étaient pas guidés par les résultats. Quand on voit la date de notre gros meeting à Paris [le 27 mars, soit deux semaines avant le premier tour, ndlr], on ne peut pas dire qu’on était guidé par le ralentissement des frais.»

Mais la dépense la plus surprenante est sûrement du côté de la droite. Si vous avez reçu un appel ou un SMS de l’équipe de Valérie Pécresse durant la campagne, vous êtes sûrement loin d’être le seul. La candidate Les Républicains a dépensé près de 2,6 millions d’euros en promotion téléphonique, davantage que l’ensemble des autres candidats sur ce domaine. Ce qui peut aussi inclure les campagnes de phoning réalisées par ses équipes durant la primaire de la droite. Mais cette somme est tout de même supérieure à la totalité des frais de campagne de Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Jean Lassalle réunis. Deuxième candidate ayant le plus dépensé dans cette campagne présidentielle, avec plus de 14 millions d’euros engagés, Pécresse n’a pourtant réalisé que 4,7%, le pire score de l’histoire de son parti, trop peu pour accéder au remboursement total de l’Etat. La présidente de la région Ile-de-France avait dû faire appel aux dons à ses sympathisants pour près de 5 millions d’euros et engager le remboursement de ses emprunts de campagne. L’argent est peut-être le nerf de la guerre en politique. La preuve par Pécresse qu’il ne fait pas tout.