Ces derniers jours, les soutiens d’Olivier Faure - a priori bien parti pour être reconduit à la tête du Parti socialiste - espéraient un score net, pour éviter toute contestation possible. C’est raté ! Ce jeudi 5 juin, le premier secrétaire sortant et son rival le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol ont fini au coude-à-coude dans ce second tour du congrès PS. Après une nuit agitée, la direction a communiqué un résultat de 50,9% pour le premier secrétaire sortant et 49,1% pour le maire de Rouen, précisant que le résultat était «reconnu par tous».
«Toutes mes félicitations à Olivier Faure, à ses soutiens», a d’ailleurs réagi sur X Mayer-Rossignol, en remerciant les quelque 12 000 militants, «près de la moitié» des votants, souligne-t-il, l’ayant choisi. «Merci aux militantes et militants qui me renouvellent leur confiance», a pour sa part écrit sur X Olivier Faure, après sa victoire serrée.
Une nuit agitée
Le PS s’évite ainsi plusieurs jours de psychodrame, rappelant ceux précédant le congrès de Marseille il y a deux ans avec les même protagonistes. Car avant la reconnaissance nocturne de ces résultats, le camp Faure n’avait pas attendu la fin des remontées des fédérations pour revendiquer sa victoire. «Avec plus de 91 fédérations remontées par nos représentants locaux, correspondant à plus de 94 % des bulletins dépouillés (sur le total des votants du 27 mai), Olivier Faure arrive en tête du scrutin visant à élire le Premier secrétaire et, selon nos estimations, cette tendance ne peut désormais plus être inversée», avait prévenu l’entourage du député de Seine-et-Marne vers minuit.
«Il y a au moins 500 voix d’avance pour Olivier si on tient compte de l’outre-mer qui arrive, voir plus, aucun doute là-dessus», complétait un porte-parole d’Olivier Faure. «Les remontées des équipes indiquent qu’il y a un minimum de 386 voix d’écart. Sans compter les outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane) qui vont augmenter l’écart de 200 voix», précisait un autre parlant d’un «écart irrattrapable».
Mais du côté de Nicolas Mayer-Rossignol, on n’abdiquait pas tout de suite. A 0 h 30 ce vendredi, l’entourage du maire de Rouen convoquait la presse pour un point d’étape en visio et affirmer que les résultats sont trop serrés pour donner un vainqueur à cette heure. «Les dépouillements et la remontée des résultats ne sont pas achevés. Au moment où nous sommes, nous sommes au coude-à-coude à 50-50 donc avec moins de 200 voix d’écart», affirmait ainsi la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy. Et d’ajouter : «Personne ne peut dire qu’il a gagné. L’écart est plus maigre qu’à Marseille. On va avoir besoin de repasser les résultats tranquillement dans nos commissions.» «Ce qui est net, c’est que ce que communique la direction à cette heure n’a rien à voir avec la réalité», abondait l’ancien sénateur David Assouline.
D’après les résultats bruts qu’il avait en sa possession, Mayer-Rossignol n’était alors distancé que de 0,75 %. Et pouvait donc, croyait-il, remonter la pente. Surtout que toutes les fédérations n’avaient alors pas fait remonter leurs résultats, explique l’ancien élu parisien donnant l’exemple d’un premier fédéral qui serait parti se coucher sans donner les scores de son département au national. «J’ai sous les yeux les résultats remontés par PV il n’y a aucun débat possible», rétorquait un membre du camp Faure.
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Les fantômes de Marseille ressurgissait alors. En 2023, les deux camps revendiquaient même chacun la victoire le soir de ce vote pour le premier secrétaire. La séquence avait fragilisé un parti qui n’avait pas besoin de cela et fait ressurgir les fantômes du congrès de Reims de 2008 avec l’affrontement fratricide entre les camps de Ségolène Royal et celui des éléphants rassemblés à l’époque autour de Martine Aubry. A Marseille, en 2023, il avait finalement fallu de longues négociations au Palais du Pharo, après des jours d’accusations de triches dans certaines fédérations, pour que les deux camps se mettent d’accord sur une direction menée par Olivier Faure. Cette fois-ci, malgré un score étriqué, le parti devrait s’éviter un autre fratricide.
Mise à jour à 7 heures avec la confirmation de la victoire d’Olivier Faure acceptée par Nicolas Mayer-Rossignol.