Un monument s’en est allé. Robert Badinter, ancien ministre de la Justice de François Mitterrand porteur de l’abolition de la peine de mort en 1981, est mort dans la nuit du jeudi 8 février au vendredi 9 février à 95 ans. Une des dernières grandes figures du mitterrandisme à qui Emmanuel Macron a rendu hommage. «Avocat, garde des Sceaux, homme de l’abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français», écrit le président de la République sur X (ex-Twitter).
Avocat, garde des Sceaux, homme de l’abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français. pic.twitter.com/3IJ9jekLSd
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 9, 2024
«Toute sa vie, il a fait tonner la voix de la justice», abonde Gabriel Attal, louant un «homme de droit et de valeurs». «Depuis les prétoires jusqu’aux tribunes de l’Assemblée nationale et du Sénat, et au Conseil constitutionnel, il aura consacré chaque seconde de sa vie à se battre pour ce qui était juste, à se battre pour les libertés fondamentales. L’abolition de la peine de mort sera à jamais son legs pour la France. Nous lui devons tant. Nos droits et nos libertés lui doivent tant, poursuit le Premier ministre. Le pays des Lumières perd l’un de ceux qui ont continué à les faire briller.» Pour le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, Robert Badinter était un «immense avocat», un «garde des Sceaux visionnaire et courageux», un homme «profondément épris de justice». «Il laisse un vide à la hauteur de son héritage: incommensurable», écrit-il.
Le triple candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon avait siégé au Sénat en même temps que l’ancien garde des Sceaux, sénateur des Hauts-de-Seine de 1995 à 2004. «Je l’ai tellement admiré», se rappelle-t-il sur les réseaux sociaux. L’insoumis en chef rend hommage à «un orateur qui faisait vivre ses mots comme des poésies». «Il raisonnait en parlant et sa force de conviction était alors sans pareille. Peu importent les désaccords. Je n’ai jamais croisé un autre être de cette nature. Il était tout simplement lumineux», ajoute Mélenchon. La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot rend, elle, hommage à Robert Badinter en citant quelques mots de son célèbre discours du 17 septembre 1981 prononcé au Palais Bourbon pour défendre l’abolition de la peine de mort : «partout, dans le monde, et sans aucune exception, où triomphent la dictature et le mépris des droits de l’homme, partout vous y trouvez inscrite, en caractères sanglants, la peine de mort.»
Fort logiquement, les réactions pleuvent également du côté du Parti socialiste, famille politique de toujours de l’ancien avocat. «Robert Badinter était plus que l’abolitionniste qui mit fin à la peine de mort. Il incarnait l’idée même de justice. Sa droiture morale, et sa détermination donnaient toute sa force à l’idéal humaniste. Il fut la cause de mon engagement. Immense tristesse», estime le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur X. Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, souligne, lui, que «notre pays et notre commune humanité [doivent] tant à Robert Badinter». «Il aura marqué l’histoire par la force avec laquelle il a porté nos combats,au premier chef celui de l’abolition de la peine de mort.Un symbole de la politique quand les convictions et le courage l’emportent», salue la maire de Lille Martine Aubry. L’édile de la capitale Anne Hidalgo promet, elle, que «Paris, sa ville reconnaissante, n’oubliera pas Robert Badinter et rendra hommage à cette grande conscience qui n’a jamais cessé de nous alerter, de nous éveiller».