Menu
Libération
Le billet de Thomas Legrand

Coupe du monde au Qatar : un président ne devrait pas aller là

Article réservé aux abonnés
En pleine affaire de corruption au Parlement européen organisée par l’émirat, Emmanuel Macron ne devrait pas se rendre à Doha et s’afficher aux côtés d’émirs quasi-esclavagistes et écolo-délinquants, même pour assister à une demi-finale où joue l’équipe de France.
Emmanuel Macron avec Noël Le Graët et Laura Flessel, pendant la Coupe du monde de 2018. (Giuseppe Cacace/AFP)
publié le 14 décembre 2022 à 8h29

Emmanuel Macron se rend donc au Qatar pour assister au match France-Maroc, demi-finale de la Coupe du monde. Que dirait-on si, demain matin, il décidait de participer à un évènement dont Eva Kaili serait l’organisatrice ? Ce serait scandaleux et inconcevable, parce que Eva Kaili, vice-présidente grecque du Parlement européen, est soupçonnée de corruption. Pourquoi supporterait-on que le Président se conduise différemment avec le corrupteur ?

Diplomatie des valises de billets

Certes, la diplomatie et les relations internationales ne consistent pas à ne parler qu’avec ses amis ou les chefs d’Etat de pays démocratiques et vertueux. Les autoproclamés tenants de la realpolitik aiment qualifier de «droit-de-l’hommistes» ceux qui demandent juste que ces droits et la simple probité ne soient pas oubliés dans les relations internationales. Personne, pourtant, ne prône un isolationnisme bisounours. Mais quand il s’agit d’assister à un match de foot au Qatar, trois jours après une preuve supplémentaire de la nature prévaricatrice de l’émirat, on ne voit pas où est l’intérêt national, où se situe l’exigence pragmatique