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En 1961, au plus fort de l’industrialisation de l’agriculture française, portée par le délire moderniste ambiant, Edgard Pisani, alors ministre de l’Agriculture du général de Gaulle, déclarait, très sérieusement : «Si demain, le lait doit être rouge ou les pommes carrées, il faudra que l’Inra [Institut national de la recherche agronomique, ndlr] se consacre à cela pour que nous puissions fabriquer des produits qui se vendent. Dans un marché ouvert, seul le client commande.» L’agriculture française n’a pas été jusque-là, heureusement. Mais la double injonction incompatible, adressée à l’agriculture, qui consistait à vouloir la souveraineté alimentaire et un grand secteur d’exportation (qui implique l’ouverture des frontières dans les deux sens), a mené toute une partie de la population agricole dans une impasse.
Impasse à force de surenchères technologiques, d’intrants toujours plus nécessaires à la productivité, de dettes et de dépendances envers les fournisseurs d’engrais ou de fourrages. Et puis il y a eu une troisième injonction : celle de la contrainte environnementale. Mais cette inj