Sommes-nous, comme le dit Laurent Berger, au sortir de la réunion pour rien, convoquée par Elisabeth Borne mercredi à Matignon, en «crise démocratique» ? «Si les gens voulaient la retraite à 60 ans, ce n’est pas Emmanuel Macron qu’il fallait élire président et mettre en tête au premier tour» : voilà ce que fait dire le chef de l’Etat pour démentir l’analyse du patron du premier syndicat de France. Alors est-on en crise démocratique ou pas ? Certainement pas au sens où nous serions au bord d’une révolution. La France n’est pas bloquée. Les grèves ne bloquent ni le pays ni l’économie. L’approvisionnement en carburant et les transports fonctionnent. Est-on seulement en crise sociale ? La crise sociale réside surtout dans le fait que le dialogue entre les partenaires sociaux et l’exécutif est rompu.
Mais dans les entreprises, les accords de branche et d’entreprises ne sont pas remis en cause et, tous les jours, CGT, CFDT et tous les autres syndicats, négocient et signent des conventions avec les chefs d’entreprise. Sommes-nous en crise politique ? Là encore, la majorité parlementaire n’est, certes, que relative. Mais les oppositions ne sont pas en mesure de s’unir pour proposer une majorité alternative. Le pays n’est plus réformable en profondeur